Dessigny (Charles Martial Joseph)Charles Martial Joseph Dessigny
Charles Martial Joseph Dessigny, né le 28 octobre 1861 à Oulchy-le-château et mort le 25 août 1928 à Braine , est un militaire français[1]. Dessigny a accompli la plus grande partie de sa carrière militaire en Algérie et au Maroc dans les services des affaires indigènes et des renseignements. Il est surtout connu pour être le premier organisateur des services municipaux de Casablanca au début de l'occupation de la ville. Détenteur de la croix de guerre française, belge et italienne, Il avait commandé le 138e régiment d'infanterie pendant deux ans et demi lors de la première guerre mondiale[2]. BiographieNaissance et formationCharles Dessigny est né un enfant naturel reconnu, fils de Marie Joséphine Dessigny qui était âgée de 19 ans lors de son accouchement[1]. Charles demeurait avec sa mère chez son grand père maternel Louis Amand Dessigny qui était jardinier couvreur[1],[3]. Comme son grand père, Martial joseph travailla comme jardinier avant de rejoindre l'armée en 1881[4]. En 1882, Charles devient soldat au 74e régiment d'infanterie[1]. Il gravit les échelons jusqu'à obtenir le grade d'adjudant en 1886 et réussit à intégrer l'école militaire d'infanterie de Saint-Maixent en 1887[5]. Il devient officier en 1888 en se classant vingtième d'une promotion de 431 élèves[6]. Affectation en AlgérieSous-lieutenant depuis mars 1888 puis lieutenant en juillet 1891 au 162e régiment d'infanterie, il est admis dans le service des affaires indigènes en Algérie en 1893 après son stage au bureau arabe de Ghardaïa[7] (province d’Alger) . Il fut nommé en 1893 adjoint de 2e classe puis de 1re classe en 1895 au bureau arabe de Lalla Maghnia[8] à la section des affaires indigènes de l'état major de la division d'Oran[9]. Promu au grade de capitaine en novembre 1898[10], Charles Dessigny est nommé chef de bureau arabe à Touggourt (division de Constantine) en mai 1900[11] puis à Aïn Sefra le 11 novembre de la même année[12],[1]. Il devient chef d'annexe à Ain sefra à compter du 22 avril 1904[12]. Catastrophe d’Aïn SefraLors des inondations qu'a connu le village d'Aïn Sefra le matin du 21 octobre 1904, le capitaine Dessigny a joué un rôle important durant l'opération de sauvetage opéré par la garnison française qui a pu limité le nombre de victimes à une vingtaine entre arabes et européens dont Isabelle eberhardt[13]. À la suite de cette catastrophe, le gouverneur général Jonnart donne libre action au capitaine Dessigny pour rebâtir le bourg; une tâche qui fut réalisée en huit mois sur une partie haute auprès de la gare où Dessigny crée par la même occasion un parc planté de peupliers et de frênes. Il a en plus pu détourner l'oued pour éviter les désastres d'une autre crue et entamer en 1905 la construction d'une nouvelle salle de classe au groupe scolaire européen d'Aïn Sefra ainsi que la fourniture du matériel et mobilier scolaire nécessaire[14]. En cette période, c'était le général Lyautey qui commandait la subdivision du Sud. Contributions à la scienceLe capitaine Dessigny avait découvert, en compagnie du comte Jean de Kergorlay, un tumulus aux environs d'Aïn Sefra qui a fait l'objet de fouilles de la part de E.F Gautier et Dessigny lui-même. Il écrit par cette occasion des notes sur les monuments funéraires de la région d'Aïn Sefra qui ont contribué à faire connaitre ces sépultures aux archéologues, anthropologues et ethnologues de l'époque à savoir le professeur E.T Hamy[15]et Salomon Reinach[16]. En effet, Dessigny a fouillé plus d'une soixantaine de tombeaux dans la région du sud oranais (Ain Sefra, Beni Ounif et Moghrar Tahtani) et repéré plusieurs produits de fouilles en collaboration avec Gautier. Des colliers en rondelles d'œufs d'autruche provenant d'Aïn Sefra et de Beni Ounif avait été offerts par Gautier et Dessigny au muséum national d'histoire naturelle[17]. Au Maroc, Le commandant Dessigny avait également récolté des bifaces et des galets aménagés, aux environs de Casablanca, qui seront conservés au musée de l'homme[18]. En 1901, Dessigny assista le botaniste suisse Hochreutiner lors de ses recherches sur une plante toxique du Moghrar appartenant a l’espèce Perralderia. Il remis au botaniste quelques spécimens de cette plante qui empoisonnait les chameaux selon le caïd du Moghrar Tahtani. Hochreutiner dédia la plante à Dessigny en l'appelant "Perralderia Dessignayana"[19],[20]. Administration de CasablancaAprès les événements de Casablanca, le capitaine Dessigny fut désigné par le général Lyautey pour rejoindre les troupes débarqués en ville après huit ans dans le sud algérien[21]. Il est dorénavant capitaine au 7e régiment d'infanterie et chef de bureau au service des renseignements affecté au Maroc. Il dirigea les services municipaux de Casablanca de juillet 1908 jusqu'à mars 1913 en prenant la relève au commandant Mangin, et s'appliqua pour garantir la sécurité et l'hygiène publique et réorganiser administrativement la ville[22]. Dessigny réussit à améliorer l'ancienne comptabilité du Makhzen et parvient en 1909 à administrer un budget annuel de 300 000 pesetas hassani (180 000 francs) par les droits de marché, de portes, des abattoirs, d'amendes, etc.[23]. Les dépenses concernaient principalement la rémunération des fonctionnaires marocains (Caïd, Khalifa, Amin el mostafad) et du personnel de la police ainsi que les travaux et services d'utilité publique[24]. Parmi les prestations entreprises sous sa mairie on cite[24]:
Lors de la fête nationale de 1909, Dessigny représentant le général Moinier absent pour force majeure, prononça un discours où il demanda de lever un verre "...à la prospérité de la colonie française de Casablanca et de toute la Chaouia"[26]. La tour d'horloge, construite en 1909 à l'inititative de Dessigny, fut le symbole du nouvel ordre de la ville[27]. En 1910, Dessigny est promu chef de bataillon (commandant) au 80e régiment d'infanterie[28]puis au 133e en 1911[29]. Grande guerreEn 1913, le commandant Dessigny est remis à la disposition de son arme et passe au 3e tirailleurs algériens[30]. Il a reçu un témoignage de satisfaction et des remerciements de la part du ministre des affaires étrangères Jonnart et le résident général Lyautey pour son organisation des services municipaux de la ville de Casablanca[31]. Le 21 novembre 1913, il passe au 138e régiment d'infanterie qu'il rejoint au casernement de Bellac en décembre 1913[1] pour prendre part à partir d’août 1914 à la grande guerre contre l’Allemagne sur le front de l'ouest (Ardennes, Marne, Champagne , Lorraine, Artois, Verdun, Aisne et la Somme) et le front italien (Piave)[32]. Commandant le premier bataillon, Dessigny s'est particulièrement distingué lors de la prise du fort de la Pompelle le 24 septembre 1914 après la victoire de la marne[32]. Il a été promu lieutenant-colonel en septembre 1915[33] et prend la commande du régiment du 28 septembre 1915 au 4 avril 1918[32]. Il a notamment mené le régiment huit mois dans le labyrinthe à la Somme et en Champagne ainsi que lors d'une offensive au secteur de Piave[34]. Après-guerreIl est admis à prendre sa retraite de l'armée active en juin 1918 mais il est maintenu en service en tant qu'officier de complément au 12e corps d’armée[1]. Il commande depuis sa retraite le centre d'infanterie divisionnaire 23 à Bellac (haute-vienne)[34] où il demeurait au 26 avenue de la gare[1]. Il fut désigné président d'honneur des anciens combattants de Bellac en 1920[35]. En 1924, Dessigny est promu au grade de colonel[36]. Il décède en son domicile à Braine (à 20 km de sa ville natale) le matin du 25 août 1928 à l'âge de 66 ans[1]. Il était célibataire[1]. Récompenses et décorationsOfficier du Nichan Iftikhar (1900)[1]; Chevalier de la Légion d'honneur (1901)[37]; Chevalier de l'ordre du Mérite agricole (1902) pour services rendus à l'agriculture en Algérie[38] ; - Médaille d'or de 2e classe pour sa distinction lors du désastre de Aïn Sefra (1904)[39]; Officier de l'ordre des Palmes académiques (1905)[40]; Officier de l'ordre de l'Étoile noire (1909)[41]; - Médaille d'argent remise par la société de géographie d'Alger (1909)[42]; Médaille commémorative du Maroc: Agrafe Casablanca (1909)[1]; - Commandeur du Ouissam ou Nichan hafidien (1912)[1]; Officier de la Légion d'honneur (1913)[43]; - Médaille d'argent pour sa distinction durant les différents épidémies qui ont sévi sur l'armée (1913)[1],[44]; - Médaille d'argent en tant que l'un des collaborateurs de la section marocaine à l'exposition universelle de Gand (1913)[45]; Commandeur de la Légion d'honneur (1920)[1]; Officier de l'ordre du Mérite agricole (1912)[1]; Médaille commémorative du Maroc: Agrafe Maroc (1913)[1]; Croix de guerre – (1914)[1]. Publications
Notes et références
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