Depuis le traité de Londres de 1832, le titre est attribué au fils aîné du souverain ou, à défaut, au prince de sa dynastie le plus proche en degré ou, à défaut, à la princesse de sa dynastie la plus proche en degré. À partir de 1844, la constitution grecque établit en outre que le diadoque doit confesser la religion orthodoxe, ce qui n’est pas sans poser de difficulté à une époque où la dynastie royale est catholique. Depuis la mise en place de la constitution de 1952, les filles du monarque ont le pas sur leurs cousins mais viennent après leurs frères dans l’ordre de succession au trône.
De fait, le mot « diadoque », qui vient du grec ancienδιάδοχος (diádokhos) signifie simplement « successeur, qui recueille la succession de ». C'est un déverbal du grec ancien διαδέχομαι (diadékhomai), qui veut lui-même dire « recevoir par succession »[1]. À l'époque hellénistique, « diadoque » désignait ainsi les généraux successeurs d'Alexandre le Grand[2].
Le traité de Londres du , qui place la maison de Wittelsbach sur le trône de Grèce et pose les bases de la future monarchie hellène, établit que la couronne y est « héréditaire par ordre de primogéniture dans la descendance du roi Othon, ou à défaut, dans celle de son frère Luitpold, ou à défaut, dans celle de son frère Adalbert »[N 3]. En attendant la naissance d'un hypothétique prince héritier, il fait donc de Luitpold le premier diadoque (« successeur ») du tout nouveau royaume de Grèce[3].
La question de la succession dynastique se complique après le Coup d'État du 3 septembre 1843 et l'instauration de la constitution de 1844. En effet, la nouvelle loi fondamentale dispose, dans son article XL, que les successeurs d'Othon Ier doivent confesser la religion orthodoxe pour pouvoir monter sur le trône[N 4]. Or, tous les Wittelsbach sont catholiques et ni Luitpold ni aucun membre de sa parentèle ne semblent prêts à abjurer leur religion pour accéder au trône de Grèce. Othon Ier n'ayant pas d'enfant légitime, l'identité du diadoque reste donc indécise pendant plusieurs années[4].
La déposition d'Othon et de sa femme Amélie en 1862[5] résout cependant la question dynastique en proclamant la déchéance des Wittelsbach[6] et en appelant une nouvelle dynastie sur le trône en la personne de Georges Ier[7]. En 1864, une nouvelle constitution est adoptée par le royaume de Grèce. Son article XLV établit que « la Couronne hellénique et les droits constitutionnels qui lui sont attachés sont héréditaires et se transmettent, par ordre de primogéniture, aux descendants directs, naturels et légitimes du roi Georges Ier, les héritiers mâles étant toujours préférés aux femmes »[8].
Durant presque quatre-vingt dix ans, cet article constitutionnel est interprété sous une forme quasi-salique, les Grecs n'envisageant de voir une femme monter sur le trône qu'en cas d'extinction totale des mâles de la dynastie[réf. nécessaire]. Il faut attendre la réforme constitutionnelle de 1952 pour que les choses évoluent. Un article explicitatif est alors ajouté au précédent. Celui-ci établit « que la couronne de Grèce échoit de préférence aux descendants de chacun des rois, selon leur ordre de naissance, la préférence étant donnée aux enfants de sexe masculin ». Depuis cette réforme, les filles du monarque ont donc préséance sur leurs cousins mâles mais viennent après leurs frères dans l'ordre de succession à la couronne[9].
Mariage du diadoque
Aucun article constitutionnel ni aucun traité international liés aux lois de succession au trône de Grèce n'établissent de règle concernant le mariage des descendants du souverain. L'institution du mariage morganatique, d'origine allemande, n'existe pas officiellement dans le pays et aucune règle explicite n'oblige les membres de la famille royale à épouser des individus de rang similaire au leur, autrement dit des personnes issues de maisons souveraines.
Malgré tout, en Grèce comme dans les autres pays européens, les unions inégales ont longtemps été considérées comme des mésalliances. Très sourcilleuse sur les questions matrimoniales, la reine Sophie de Grèce, épouse du roi Constantin Ier, a ainsi interdit à ses fils Georges II et Paul Ier d'épouser des femmes qu'elle jugeait inférieures à eux en rang. Le roi Alexandre Ier lui-même n'est parvenu à épouser une roturière qu'en secret et son épouse n'a jamais obtenu les rangs et titres de reine des Hellènes.
Tous les membres de la famille royale ayant conclu des mariages inégaux n'ont cependant pas été exclus de la succession. Dans la jeune génération, le diadoque Paul, sa sœur Alexia et son frère Nikólaos ont tous épousé des roturiers sans courir le risque d'être exclus de la famille royale.
La constitution grecque de 1844[10] et le traité de Londres de 1852[11] établissent que l'héritier du trône doit professer la religion orthodoxe. Or, Luitpold et les autres membres de la maison de Wittelsbach refusent de se convertir, ce qui pose la question de la succession[4]. Les Wittelsbach sont définitivement déchus par un décret du Parlement daté du [6].
Premier prince à naître sur le sol grec depuis la disparition de l'Empire byzantin[12], il est baptisé Constantin dans l'espoir d'accomplir la prophétie qui dit qu'un basileus portant ce nom libérera Constantinople et rendra sa gloire à la Grèce[13],[14].
Après la destitution de Constantin Ier, la succession au trône est une nouvelle fois indécise. Alexandre Ier ayant conclu un mariage inégal sans obtenir l'autorisation du Primat de l'Église grecque, sa fille posthume n'est pas dynaste[17],[18]. À la mort du roi, la couronne est proposée à son frère cadet, Paul, qui la refuse[19]. Après plusieurs semaines de crise institutionnelle, un référendum rend finalement la couronne à Constantin Ier[20].
Après l'abdication de son père et en l'absence d'enfant du côté de Georges II, le prince Paul devient diadoque de Grèce[13] jusqu'à l'abolition de la monarchie[21].
La constitution de 1952 ayant réformé les règles successorales[9], Irène devient diadoque lors de l'accession au trône de son frère[N 7]. Cette situation inédite provoque une crise au sein de la famille royale : le prince Pierre se considère en effet mieux placé que sa cousine pour succéder à Constantin II[26].
Titré diadoque à sa naissance, Paul le reste nominalement durant la Dictature des Colonels. Après l'abolition de la monarchie, il use de ce statut comme d'un titre de courtoisie.
(fr) Édouard Driault et Michel Lhéritier, Histoire diplomatique de la Grèce de 1821 à nos jours : Le Règne d'Othon - La Grande Idée (1830-1862), t. II, PUF, (lire en ligne)
(fr) Édouard Driault et Michel Lhéritier, Histoire diplomatique de la Grèce de 1821 à nos jours : Le Règne de Georges Ier avant le traité de Berlin (1862-1878). Hellénisme et Slavisme, t. III, PUF, (lire en ligne)
(en) Alan Palmer et Michael of Greece, The Royal House of Greece, Weidenfeld Nicolson Illustrated, (ISBN0-297-83060-0)
(es) Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofía, La Dinastía griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, , 573 p. (ISBN84-9734-195-3)
↑L'article XXXIII du texte de 1844 stipule : « Le roi a le droit de distribuer les insignes des ordres existants, en se conformant aux dispositions des lois qui les ont institués. Il ne peut cependant donner des titres de noblesse ni reconnaître ceux donnés par une puissance étrangère à des citoyens grecs. » L'article III de la constitution de 1864 établit quant à lui : « Des titres de noblesse et de distinction ne seront ni conférés ni reconnus à des citoyens hellènes. »
↑Le traité de Londres est précisé par un article d'explicitation également signé à Londres, le . Celui-ci réaffirme que la succession au trône doit se faire de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, dans la descendance légitime d'Othon Ier ou de ses frères Luitpold et Adalbert.
↑Cette disposition religieuse est confirmée par le traité de Londres du .
↑La constitution de 1864 précise toutefois : « Art. XLVI. À défaut de successeur [...], le Roi en nomme un, avec l'assentiment de la Chambre des Députés convoquée ad hoc. Cet assentiment est émis à la majorité des deux tiers des voix du nombre total des Députés, qui donnent leur vote par appel nominal et à haute voix. Art. XLVII. Tout successeur au trône Hellénique doit confesser la religion de l'Église Orthodoxe Orientale du Christ ».
↑Le gouvernement grec en exil reste le seul reconnu par les Alliés jusqu'en 1944. Par la suite, la régence de Damaskinos d'Athènes n'amène aucun changement explicite des institutions, même si la famille royale reste en exil.
↑Paul Robert, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française : Les mots et les associations d'idées, vol. 2, Paris, Le Robert, , p. 208.
↑ a et b(en) Stelio Hourmouzios, No Ordinary Crown : A Biography of King Paul of the Hellenes, Weidenfeld & N, , 375 p. (ISBN0-297-99408-5), p. 243-244