Ernst Werner TechowErnst Werner Techow
Ernst Werner Techow ( – ) est un assassin allemand d'extrême droite. En 1922, il prend part à l'assassinat du ministre des affaires étrangères Walther Rathenau. Après sa libération de prison, il rejoint le parti nazi, mais sort rapidement du mouvement et tombe dans l'oubli. Vers la fin de la seconde guerre mondiale, il rejoint le Volkssturm. Il est tué après avoir été capturé par l'armée rouge soviétique près de Dresde, le . La légende raconte que Techow a changé d'opinion politique après sa sortie de prison, rejoint la légion étrangère française sous le nom de « Tessier » et s'engage à aider les juifs à fuir la France occupée. Ce récit totalement infondé repose sur des on-dit dont le journaliste American George W. Herald a tiré une histoire pour le magazine Harper's en 1943. JeunesseTechow est issu d'une éminente famille de magistrats berlinois ; son grand père est l'un des héros de la révolution libérale de 1848[1]. En 1918 Techow se porte volontaire pour rejoindre la marine allemande. Après la révolution allemande de novembre 1918, il rentre en contact avec les forces contre révolutionnaires. Il rejoint la brigade Ehrhardt, et participe au putsch de Kapp. Après la dissolution des Corps francs, il rejoint l'Organisation Consul, organisation secrète issue de la brigade Ehrhardt. Comme beaucoup de ses camarades, il est aussi membre de Deutschvölkischer Schutz- und Trutzbund, organisation violemment antisémite[2]. Assassinat de Walther RathenauLe , deux mois après la signature du traité de Rapallo en 1922, Rathenau est assassiné par deux membres de l'Organisation Consul, Erwin Kern et Hermann Fischer. Ce matin-là il se rend en voiture de sa maison de Grunewald au ministère des Affaires étrangères dans la Wilhelmstraße, comme il le fait quotidiennement. Durant ce trajet, sa voiture est dépassée par une autre dans laquelle sont assis trois hommes. En passant, Kern tire sur Rathenau avec une mitraillette, et Fisher jette une grenade dans la voiture, avant que Techow ne les conduise rapidement loin de la scène[1]. Un mémorial en pierre dans le Koenigsallee à Berlin-Grunewald marque cette scène de crime. Rathenau est vivement pleuré en Allemagne. La nouvelle de sa mort provoque des troubles au Reichstag et incite des millions d'Allemands à se mobiliser contre le terrorisme[3]. Arrestation et jugementQuand un témoin parle de cette histoire en public, les assassins sont identifiés en quelques jours. Techow est dénoncé par des proches le . Kern et Fischer réussissent à échapper à leurs poursuivants, jusqu'à ce qu'ils soient pris au piège dans le château de Thuringian Saaleck le . Kern est tué par une balle perdue et Fischer se suicide. Au procès d', Techow est donc le seul accusé inculpé pour meurtre. Il échappe de peu à la peine de mort : grâce à un aveu de dernière minute, il convainc le tribunal qu'il a agi sous la contrainte, puisque Kern avait menacé de le tuer quand il avait voulu se retirer du complot d'assassinat. Ainsi il s'en tire avec 15 ans de prison pour complicité de meurtre. Il a peut-être aussi bénéficié d'une lettre adressée à la mère de Techow par Mathilde Rathenau, la mère de la victime[4],[5]. Dans une douleur inexplicable, je vous tends la main. Vous, de toutes les femmes, la plus pitoyable.
La peine de Techow est réduite par une amnistie en 1928. À sa sortie de prison à Halle, en Saxe-Anhalt le , il est accueilli par les délégations des sections locales de Stahlhelm du Bund der Frontsoldaten, le parti populaire allemand et la NSDAP[6]. Il rejoint ensuite le parti nazi, les SA et la rédaction du journal nazi berlinois Der Angriff en 1931. Il participe au putsch de Stennes et est exclu du parti en . Sa dernière apparition publique date d', lorsqu'un monument pour ses compagnons assassins Fischer et Kern est inauguré à Saaleck. En 1934, il publie une brochure d'excuses sur l'assassinat de Rathenau[6]. Au cours des années suivantes, Techow travaille pour la Deutsche Umsiedlungs-Treuhand-Gesellschaft[7]. En , il s'engage dans la marine allemande. Il est correspondant de guerre, jusqu'à ce qu'il soit grièvement blessé lors du naufrage du bateau sur lequel il se trouve en . Peu avant la fin de la guerre, il rejoint le Volkssturm. Il est fait prisonnier de guerre sur le terrain d'entraînement militaire de Königsbrück près de Dresde et aurait été tué par un soldat soviétique en raison d'un malentendu. La date officielle de son décès est le [6]. La légende de « Tessier »En le journaliste Américain George W. Herald publie le livre My favorite Assassin. Il prétend avoir rencontré un capitaine de la légion étrangère française sous le nom de Tessier en 1940. Ce capitaine, qui prétendait être Herald, s'avère être Ernst Werner Techow. Il est très touché par la lettre de Mathilde Rathenau, s'est abstenu d'antisémitisme et a rejoint la Légion Étrangère française. En 1941, Herald a en outre rapporté que, Techow-Tessier a aidé à sauver des centaines de juifs à Marseille[8]. Bien que cette histoire ait rapidement été remise en question en raison de quelques incohérences majeures, elle a quand même continué à circuler[9]. Dans les médias
Notes et références
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