Avant de devenir sculpteur, Francisque Duret envisage d'embrasser la carrière d'acteur de théâtre. Il étudie brièvement au Conservatoire de musique et de déclamation et son ami Charles Blanc (1813-1882), dans un article qu'il lui consacre en 1866, explique les qualités d'observation du comportement humain qu'acquiert Duret lors de ces études de théâtre : « Ses continuelles études sur la pantomime l'avaient conduit à préciser le langage du geste et la signification de chaque attitude[2]. »
En 1831, Duret envoie ses premières œuvres au Salon, depuis l'Italie, comme son Mercure inventant la lyre, achetée alors par le roi et aujourd'hui conservée à Clermont-Ferrand au musée d'Art Roger-Quilliot.
Il se distingue en 1833 en présentant au Salon son Pêcheur dansant la tarentelle, réalisé l'année précédente. Fondu en bronze à la cire, qui témoigne d'une prouesse technique pour l'époque, il est perdu par Honoré Gonon. Mais c'est en réalisant des commandes officielles que Duret assure sa carrière : la concrétisation de ce cursus honorum, qui fait de la carrière de Duret un archétype dans le monde de l’art officiel du XIXe siècle, repose sur une stratégie de carrière lisible notamment dans sa production de portraits, révélatrice de ses réseaux[3].
En 1836, Francisque Duret présente une première fois son bronze, réalisé en 1835, Chactas en méditation sur la tombe d'Atala au Salon de cette année. Il emprunte ce sujet au roman de ChateaubriandAtala ou les amours de deux sauvages dans le désert, publié en 1801. L'artiste retient le passage où l'Indien Chactas, abattu par sa mort, revient sur la tombe de sa bien-aimée et Duret décide comme sujet de représenter son état psychologique. La critique du Salon de 1836 publiée dans L'Artiste loue « cette fidèle imitation du type de la tête des Indiens ». Duret pousse la vraisemblance jusqu'à confier au fondeur Questel le soin de réaliser une patine colorée reprenant la teinte du modèle en plâtre de la statue « peinte en couleur porphyre », et capable de rivaliser avec la prétendue couleur de peau de Chactas[4]. La sculpture entre dans les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon en 1836 après acquisition de la Municipalité. Ce bronze est aujourd'hui exposé dans les jardins du musée.
↑Sophie Picot-Bocquillon, Francisque Duret (1804-1865), un sculpteur en représentation : processus de création et stratégies de carrière, thèse, Paris, 2014.
↑Agathe Cabau, L'iconographie amérindienne aux Salons parisiens et aux Expositions universelles françaises (1781-2914).
↑The romantics to Rodin: French nineteenth-century sculpture from north American collections, Los Angeles : County Museum of Art ; New York : G. Braziller, 1980 (ISBN9780807609538 et 978-0807609538).
sous la direction de Jean-Loup Champion, Mille Sculptures des Musées de France, Paris, Gallimard, , 469 p. (ISBN2-07-011511-9).
Hargrove June, Les Statues de Paris : la représentation des grands hommes dans les rues et sur les place de Paris, Paris, Albin Michel, (ISBN9782226038111).
Emmanuelle Heran, « Le Chactas de Francisque Duret », Bulletin municipal des Musées de Lyon, no 1-2, Lyon, 1994, p. 36-51.
Agathe Cabau, L'iconographie amérindienne aux Salons parisiens et aux Expositions universelles françaises (1781-1914), thèse, Paris, 2014.
Sophie Picot-Bocquillon, Francisque Duret (1804-1865), un sculpteur en représentation : processus de création et stratégies de carrière, thèse, Paris, 2014.