Gestion des déchets en FranceLa gestion des déchets en France est déterminée par l'État, qui en fixe la politique et le cadre réglementaire, en accord avec la directive européenne 2008/98/CE. Cette gestion relève en suite, subsidiairement, des collectivités territoriales. Selon le type de déchet, cette gestion peut être de la compétence de la commune, de l'EPCI, du département, de la Région (qui doit maintenant produire un PRPGD) ou de l'État (déchets militaires et déchets nucléaires notamment). HistoireDepuis la Préhistoire, l'humanité doit gérer ses déchets alimentaires et domestiques, ses urines et excréments, qui ne présentent alors pas vraiment de contrainte logistique du fait du mode de vie chasseur-cueilleur des populations. À partir du Moyen Âge, les établissements sédentaires, établis depuis le Paléolithique, prennent de l'importance autour de l'an 1000. Avec ce phénomène de densification nouveau, la gestion des déchets devient un enjeu de gestion urbaine. Les pouvoirs publics tentent de légiférer autour de cette thématique pour contraindre les populations à vider leurs déchets dans des endroits spécifiques, à l'image de Charles V qui, en 1343, fait construire des fossés couverts aux abords du mur d'enceinte destinés à accueillir les "boues", terme qui désigne alors les ordures[1]. Cependant, ces mesures sont mal acceptées par la population qui déverse toujours les ordures dans des espaces vides de la ville : terrains vagues, rue, etc. À partir du XVIIIe siècle, le courant hygiéniste naît en France et en Europe, dans le contexte d'effervescence intellectuelle qui suit l'esprit des Lumières. Ce courant prône trois points pour améliorer la qualité de vie des villes : l'aération des espaces, la purification des eaux et une moindre densité de population. C'est notamment à cette époque qu'apparaissent les enquêtes de salubrité publique. Louis XVI délègue la gestion des déchets à des compagnies privées, dont les agents chargés de la collecte sont appelés les "boueurs". Le tournant majeur du XIXe siècle est la Révolution industrielle, qui modifie la nature et la quantité de déchets produits en France. Les villes se densifient, et l'apparition de l'industrie en ville augmente considérablement la production de déchets en contexte urbain. C'est à la suite de cela que les réformes visant à prendre en charge la collecte des déchets[2] : en 1884, le préfet de la Seine Eugène-René Poubelle impose aux Parisiens de collecter leurs déchets ménagers dans un bac à ordure, la future poubelle, ce qui marque le début de la collecte à grande échelle faite sous l'égide de l'État et des collectivités. A la fin du XIXe siècle, les incinérateurs de déchets voient le jour en France et en Europe. Ils se développent à Saint-Ouen, Romainville, Issy et Vitry-sur-Seine notamment. Cette méthode de traitement permet de valoriser les déchets en énergie thermique puis électrique, et est encore utilisée aujourd'hui. Elle a drastiquement changé la manière de gérer les déchets en contexte urbain. Inventaire, suivi et déclarationsL'introduction (y compris accidentelle) de certains déchets polluants et/ou dangereux (dont gazeux émis dans l'air tels que CO2 et autres gaz à effet de serre) dans les milieux Eau/air/sol par certains établissements de traitement de déchets, de même que certains transferts « hors site pour la gestion des déchets ou l'épuration des eaux usées » sont soumis à télé-déclaration annuelle vers un « Registre des rejets et transferts de polluants » (PRTR) via une base de données nationales (dédiée et sécurisée) dite GEREP[3] pour gestion électronique du registre des émissions polluantes[4] (avec coordonnées X/Y et identification de l'établissement et de son exploitant, informations administratives dont désignation de son activité E-PRTR principale[5]), et tout dépassement d'au moins un « seuil de déclaration » l'année N oblige à fournir une déclaration l'année n+1[6], qu'il s'agit de rejets dans l'air, dans l'eau ou dans les sols (y compris par épandage, sauf s'il s'agit d'effluents d'élevage suivis par d'autres voies). Les données GEREP sur les émissions alimentent des synthèses disponibles pour le public, au niveau national[7] ou mondial (rapportage de la France à l'ONU) et européen sur le site du registre européen E-PRTR [8] ainsi notamment que les inventaires d’émissions nationaux faits par le Citepa[9].
Un Registre des émissions polluantes (IREP) est consultable [10]. TrackdéchetsTrackdéchets est la plateforme réglementaire, (et une application Web, mais non une application mobile dédiée) du Ministère de la Transition Écologique. Créée par une start-up d’Etat au sein de la Fabrique Numérique, l’incubateur du Ministère avec le soutien de la Direction Générale de la Prévention et des Risques, elle vise à dématérialiser la traçabilité des déchets dangereux. Elle simplifie la gestion et sécurise les filières de déchets, en permettant aux acteurs concernés de suivre chaque Bordereau de suivi de déchets (BSD) à chaque étape du parcours des déchets. [11]. Registre National des déchets et terres excavées et sédiments (RNDTS)Le RNDTS est une plateforme réglementaire hébergée par le BRGM pour la déclaration des registres par les acteurs concernés ; elle sera à terme intégrée dans la plateforme Trackdéchets. Les télé-déclarations relatives aux déchets non dangereux, dangereux (pour ce qui n'est pas tracés sur Trackdéchets) ainsi qu'aux terres excavées et sédiments devront être effectuées sur Trackdéchets. Plans nationauxPlan national de prévention de la production de déchetsLe plan national de prévention de la production de déchets est établi par le ministère chargé de l’écologie[12]. Ce plan a pour but de cibler l’ensemble des acteurs impliqués dans la production des déchets : acteurs publics, producteurs, distributeurs, consommateurs. Des préconisations y sont faites comme la tarification incitative de la gestion des déchets par les collectivités territoriales. En 2006, ce plan a été complété par un plan de soutien au compostage domestique. Le PNPD fixe des objectifs quantifiés qui sont ainsi précisés par le Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer [13] :
Pour atteindre ces objectifs, le PNPD prévoit la mise en œuvre progressive de nombreuses actions. Des actions du PNPD :
Le suivi et l’évaluation du PNPD sont assurés par des indicateurs globaux qui mesurent l'ensemble des flux de déchets produits, des indicateurs de suivi de chaque action et un bilan annuel. Tous les deux ans, le ministère et l’ADEME publient une brochure de synthèse des principaux résultats des actions de prévention menées aux plans national et local. Plan d’action déchets 2009-2012Ce plan du gouvernement vise à mettre en œuvre les orientations de la directive européenne et les engagements du Grenelle de l’environnement, qui fixent un objectif de réduction de 7 % de la production d’ordures ménagères et assimilées par habitant entre 2008 et 2013. Cadre national pour la prévention des déchetsCe document n'a pas de caractère obligatoire. Il fut créé en vue de l'élaboration du plan national prévention des déchets pour la période 2014-2020 permettant ainsi aux acteurs de se doter d’un vocabulaire et de données de base communes concernant la prévention. Ce cadre national a pour vocation de toucher les événements, procédures ou actions antérieures à la production du déchet, afin de prévenir et limiter ce dernier, en ayant pour cible les ménages, les associations, les entreprises, les relais professionnels, les collectivités territoriales et l’État. Gestion des déchets par les collectivitésRégionAvant 2016, la Région avait 2 compétences principales en matière de déchets :
La Région Île-de-France avait une responsabilité supplémentaire : élaborer d'un plan régional d'élimination des déchets ménagers et assimilés. À partir de 2016, en application de la loi NOTRe et dans une perspective de simplification administrative, chaque région doit préparer un nouveau plan global : le plan régional de prévention et de gestion des déchets qui concernera les déchets ménagers et assimilés, déchets amiantés, véhicules hors d'usage, déchets d'emballages ménagers et de papiers graphiques, déchets de textiles, linge de maison et chaussures des filières de responsabilité élargie des producteurs, c'est-à-dire tous types de déchets « qu'ils soient dangereux, non dangereux non inertes ou non dangereux inertes », hormis déchets radioactifs qui sont du ressort de l'ANDRA), qu'ils soient produits par les ménages, les activités économiques, les collectivités et les administrations, ou qu'ils soient « gérés dans la région » ou « importés pour être gérés dans la région, exportés pour être gérés hors de la région » (Art. R. 541-15.-[14]).
Le plan comprend ;
DépartementCompétences déléguées par la commune au départementLe département peut se voir déléguer par la commune la gestion des déchets ménagers et assimilés. La commune peut donc confier la responsabilité du traitement, la mise en décharges des déchets ultimes, les opérations de transport, de tri ou de stockage. Compétences propres au départementLe département doit élaborer 2 types de plan :
Ces plans ont été lancés le par les ministres de l’environnement et de l’équipement. Ce sont les préfets qui ont la responsabilité de les mettre en place. Opérationnellement, ce sont les conseillers généraux qui les élaborent. Les plans départementaux de gestion des déchets de chantier du bâtiment et des travaux publics ont plusieurs actions:
Ces plans doivent également:
Ce plan doit traiter les matériaux inertes, dangereux ou non, susceptibles d’être traités par les chantiers du bâtiment et des travaux publics (voiries). Malgré une progression dans la prise ne charge de ces déchets, les plans étaient mal encadrés. Le Grenelle de l’environnement 2 a décidé de mieux le mettre en place afin que certaines lacunes disparaissent comme le manque de solution pour certains territoires pour la gestion de leur déchets. La loi du , dite du Grenelle 2, fixe alors au la date limite d’élaboration du plan. Ce plan doit fixer les objectifs généraux de la prévention quantitative et qualitative des sources de déchets (avec l’aide de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) et des éco-organismes). Il doit également fixer les objectifs de la politique territoriale de gestion des déchets. Depuis 2004, la mise en cohérence territoriale des déchets repose sur les conseils généraux. CommuneLa commune est responsable de la gestion et de l'élimination des déchets ménagers et assimilés selon le CGCT(sauf pour l’Ile-de-France). Cependant, et le plus souvent, la commune délègue cette compétence à l’EPCI dont elle fait partie, en accord avec le département et la région. Ainsi peuvent être délégués la prévention de la production, la collecte, le traitement et la mise en décharges des déchets Ces tâches peuvent également être exécutées par des entreprises privées du secteur des déchets. Exemple de gestion des déchets par un EPCI : Trisélec Lille est une société d'économie mixte qui a été créée en 1992 pour trier les déchets issus de la collecte sélective et les réintroduire dans les filières industrielles de recyclage. Cette société mi-publique, mi-privée s'occupe de le gestion des déchets pour toutes les communes de Lille Métropole Communauté Urbaine. Elle a pour responsabilités de collecter, récupérer, traiter, transformer et recycler les déchets de la communauté urbaine afin de fabriquer et de commercialiser les produits de récupération des déchets. Les communes et leur EPCI doivent également
Entreprises de recyclageCiteo, éco-organisme chargé du recyclage des emballages ménagers et des papiers et cartons, annonce en son programme d'extension de la collecte à l'ensemble des emballages en plastique : en 2018, seules 160 collectivités locales, couvrant 15 millions de Français, sont équipées pour ce tri intégral ; au début de 2019, il sera étendu à 250 collectivités (dont Paris) desservant 24 millions d'habitants, fin 2019 à 400 collectivités pour 34 millions de Français ; d'ici 2022, toute la population française sera couverte[15]. InstallationsEn France, les installations qui participent à la valorisation ou à l'élimination des déchets sont généralement des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) qui sont soumises à des prescriptions strictes afin de minimiser les impacts environnementaux. Il y a notamment [16] :
Les prescriptions qui encadrent le fonctionnement de ces installations sont adaptées à la nature des déchets qu'elles reçoivent (dangereux, non dangereux, inertes, etc.). FinancementLe financement de la gestion des ordures ménagères provient des impôts locaux, le choix du mode de financement dépend des politiques des collectivités territoriales ainsi que des directives européennes. Les trois modes de financements : la REOM, la TEOM, et le budget général. Ces deux derniers doivent être complétés par une redevance spéciale (RS) perçue auprès des usagers hors-ménages (entreprises, établissements publics) dont les déchets sont collectés par la collectivité. Redevance d'Enlèvement des Ordures Ménagères (REOM)La REOM : Redevance d'enlèvement des Ordures Ménagères. Cette redevance est liée au service rendu, son montant varie généralement :
Ces deux derniers modes de calcul ont un caractère incitatif à la diminution de la production de déchets. Les recettes éventuelles et les sommes prélevées au titre de la redevance doivent couvrir l'intégralité du coût du service. Budget généralLe service public d’élimination des déchets se finance sur le budget général de la collectivité territoriale, à l’aide des taxes qu’elle perçoit : taxe d'habitation, taxe professionnelle (remplacée par la contribution économique territoriale (CET) depuis le ), taxe foncière sur les propriétés bâties et taxe foncière sur les propriétés non bâties. Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM)La Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) est un impôt local, assis sur le foncier bâti. Elle est perçue avec la taxe foncière et son montant varie en fonction de la valeur du logement ou du local (pour les professionnels). Ainsi, cette taxe n’est pas liée à la quantité de déchets produite par le ménage ou le professionnel. La TEOM est perçue par les Trésoreries qui la reversent ensuite aux collectivités territoriales compétentes. Les Trésoreries prélèvent 8 % de frais de gestion sur les sommes perçues. Lorsque ces prélèvements de 8 % sont inférieurs à la charge réelle de perception, le budget général de la collectivité peut être mis à contribution. Redevance Spéciale (RS)La redevance spéciale doit être instituée par les collectivités :
Pour ces déchets, la collectivité est libre de fixer les limites des prestations qu’elle assure dans le cadre du service public (caractéristiques et quantités de déchets, définition des sujétions techniques particulières). Formations
Place de la France dans le MondeLa France détient un quart des incinérateurs européens[17]. 5 % du quart des 350 millions de tonnes de déchets recyclés le sont en dehors de France[17]. Notes et références
Sources
Cadre législatif
Rapports
Bibliographie
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