Jeanne Surugue[Note 1], dite Jeanne Besson-Surugue après son mariage, née le à Paris et morte le à Poissy, est la première Française diplômée en architecture de l’École nationale des Beaux-Arts et la première architecte diplômée d’État française.
Biographie
Jeunesse et famille
Jeanne Marie Surugue naît en 1896 à Paris, fille de Constant Alexandre Surugue, découpeur sur bois, et de Marie Marguerite Ursule Engel, brodeuse, son épouse[2]. Son frère aîné, Pierre Hubert Surugue (1893-1935) devient architecte[3]. La famille s'établit à Maisons-Alfort[4].
En 1929, Jeanne Surugue épouse à Kratié au Cambodge Pierre Georges Besson, administrateur des colonies de 18 ans son aîné[5],[6]. Rentré en France vers 1931, le couple s'établit 121, rue de Courcelles, puis quelques années plus tard à Maisons-Alfort, rue Louise-Lesieur[7]. C'est là que Pierre Besson meurt, en 1950[8]. Leur fils Jean-Pierre, né en 1936 à Paris et devenu enseigne de vaisseau, meurt dans l'exercice de ses fonctions en 1961[9].
Parcours
Trois ans après son frère, en 1916, Jeanne Surugue intègre l’École nationale des beaux-Arts, au sein de l’atelier préparatoire d’Alexandre Maistrasse[10],[11],[3]. Deux ans plus tard, elle est l'une des deux femmes candidates au concours d’admission de la section Architecture, et la seule reçue dès le premier essai[12]. Intégrée sous le matricule 7192, elle suit les ateliers d'Henri Deglane et Charles Nicod, et sort diplômée en , présentant pour sa soutenance un sujet « significatif »[13], un projet de maternité dans une ville de province[14]. Elle est ainsi la première diplômée française en architecture des Beaux-Arts de Paris, plus de vingt ans après l'Américaine Julia Morgan[15]. Au mois de novembre suivant, elle devient la première Française architecte officiellement diplômée d'État[4]. La nouvelle est reprise dans quelques journaux, en France mais aussi à l'étranger[16],[17],[18].
Admise au sein de la Société des architectes diplômés par le gouvernement (SADG) en 1924[19], Jeanne Surugue est pourtant contrainte de s'expatrier pour pouvoir exercer[20], à une époque où les préjugés envers les compétences des femmes sont nombreux[21]. Le paysagiste français Jean Claude Nicolas Forestier la fait venir à Cuba avec quatre autres jeunes diplômés (Eugène Beaudouin, Jean Labatut, Louis Heitzler et Théodore Leveau[22]), pour concevoir et réaliser des jardins publics[10],[23]. D'autres architectes et ingénieurs locaux rejoignent le groupe de travail, dont Jeanne Surugue est la seule femme. En 1925, un de ses projets figure dans l'ouvrage de Joseph Marrast, 1925. Jardins. L'Art des jardins à l'Exposition des arts décoratifs[24].
Rentrée en France vers 1931, Jeanne Surugue expose avec d'autres architectes, au Salon des arts français de l'Indochine, des projets d'urbanisme et de monuments indochinois[27]. L'année suivante, elle présente au Salon des artistes français un « projet de résidence supérieure au Cambodge », en collaboration avec l'architecte Michel Millochau[28].
La suite de sa carrière n'est pas renseignée. Il est possible que la naissance de son fils en 1936[9] ait mis fin à son activité professionnelle.
Jeanne Surugue meurt en 1990 à Poissy, à l'âge de 93 ans[2],[29].
Publications
Joseph Marrast (ill. Jean Saudé), 1925. Jardins : L'Art des jardins à l'Exposition des arts décoratifs, Paris, Éditions d'art Charles Moreau,
Recueil de 54 planches légendées, dont 12 aquarelles, présentant divers jardins modernes, la plupart composés pour l'Exposition des arts décoratifs de 1925, d'autres étant ceux de propriétés privées en France, dans le but de donner « un reflet assez exact de ce qu'est aujourd'hui l'art des jardins ». Jardins de Jacques Gréber, Gabriel Guevrekian, Jacques Lambert, Albert Laprade, Pierre Legrain, Mallet-Stevens, Joseph Marrast, Henri Ploquin, Charles Plumet, Henri Rapin, Tony Georges Roux, Jeanne Surugue, Vacherot et Riousse.
↑Son nom a parfois été écrit par erreur Sorugue dans certaines sources du xxe siècle[1].
Références
↑(en) Victor Deupi et Jean-Francois Lejeune, Cuban Modernism: Mid-Century Architecture 1940–1970, Birkhäuser, (ISBN978-3-0356-1644-6, lire en ligne), p. 132
↑ a et bActe de naissance no 9136, , Paris 12e (avec mentions marginales de mariage et de décès, Archives de Paris
↑Dossier de la Légion d'honneur, no 111 101, base Léonore, cote LH//225/32, Archives nationales [lire en ligne]
↑« 253, Besson Pierre Georges, administrateur des colonies, 72 ans, M[ais]ons-Alfort, 7 rue Louise Lesieur, », Maisons-Alfort, Tables des successions et absences, Archives départementales du Val-de-Marne
↑ a et bDossier de la Légion d'honneur, no 3453PO62, base Léonore, cote 19800035/616/69598, Archives nationales [lire en ligne]
↑ a et bPauline Surot, Féminisation de la profession d'architecte, Mémoire de master, École nationale supérieure d’architecture de Nancy, 2021-2022 [lire en ligne]
↑Amandine Diener, « Les pionnières, élèves durant l'entre deux guerres », Enseigner l'architecture à Strasbourg, Strasbourg/Paris, Ed. Recherche, 2013, vol.1, p107-113, (lire en ligne, consulté le )
↑« Le Grand Palais, une histoire au féminin », Les Dossiers pédagogiques du Grand Palais, no 9, , p. 15
↑Suzanne Grinberg, « Les femmes architectes », sur Gallica, L'Est républicain, (consulté le ), p. 5
↑(en) Victor Deupi et Jean-Francois Lejeune, Cuban Modernism: Mid-Century Architecture 1940–1970, Birkhäuser, (ISBN978-3-0356-1644-6, lire en ligne), p. 100
↑(fr + es) Jean Claude Nicolas Forestier, 1861-1930 : du jardin au paysage urbain : actes du Colloque international sur J.C.N. Forestier, Paris, 1990, Paris, Picard, (ISBN978-2-7084-0432-8, lire en ligne), p. 224, 229
↑Joseph Marrast, 1925. Jardins : L'Art des jardins à l'Exposition des arts décoratifs, Paris, Éditions d'art Charles Moreau, (présentation en ligne)
↑« Bureau d'architecture », sur Gallica, Annuaire administratif de l'Indochine, (consulté le ), p. 74
↑« Art et Construction », La Liberté, , p. 4 (lire en ligne)
↑Fernand Rouget, Marcel Olivier, Roger Homo et Joseph Trillat, Rapport général / Ministère des Colonies, Exposition internationale de 1931 ; présenté par le gouverneur général Olivier,..., (lire en ligne), p. 709
↑« Besson-Surugue », sur Gallica, Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure des artistes vivans..., (consulté le ), p. 219