L'Art des bruitsL'Art des bruits
L'Art des bruits (L'arte dei rumori), sous-titré Manifeste futuriste (Manifesto futurista) est un manifeste futuriste écrit en 1913 par Luigi Russolo dans une lettre à son ami le compositeur futuriste Francesco Balilla Pratella. Pierre fondatrice du bruitisme, il est considéré comme l'un des textes les plus importants et les plus influents de l'esthétique musicale du XXe siècle ; comme l'affirme Philippe Robert à son propos : « Un grand fracas de tôle emboutie : voilà ce à quoi les bases du renouveau musical du XXe siècle ont en partie ressemblé »[1]. Russolo y soutient l'idée que l'oreille humaine s'est familiarisée avec la vitesse, l'énergie et le bruit de l'environnement sonore urbain et industriel, et que cette nouvelle palette sonore nécessite une approche renouvelée des instruments et de la composition musicale. Il expose un certain nombre de conclusions dans lesquelles il décrit la manière dont l'électronique et d'autres technologies permettront aux musiciens futuristes de « substituer le nombre limité de sons que possède l'orchestre aujourd'hui par l'infinie variété de sons contenue dans les bruits, reproduits à l'aide de mécanismes appropriés ». RésuméL'évolution du sonL'essai de Russolo explore les origines des sons créés par l'homme. « La vie antique ne fut que silence »Russolo établit que le bruit n'est né qu'au XIXe siècle, à la suite de l'invention des machines. Auparavant, le monde était un lieu calme, sinon silencieux. Si l'on fait exception des tempêtes, des chutes d'eau et des séismes, le bruit qui venait interrompre ce silence n'était ni intense, ni prolongé ni varié. Les premiers sonsL'auteur remarque que les premières expériences musicales de l'Homme étaient extrêmement simplistes, réalisés avec des instruments forts rudimentaires, et que de nombreuses civilisations primitives attribuèrent à la musique une origine divine et la réservèrent aux rites et rituels religieux. La théorie musicale des Grecs était basée sur les tétracordes mathématiques de Pythagore, qui ne permettaient pas d'harmonies. Tout au long du Moyen Âge, des développements et des modifications furent apportés au système musical grec, ce qui mena par exemple au chant grégorien. Russolo note que la musique n'était toujours considérée que comme dans son déroulement linéaire dans le temps; l'accord n'existait pas encore. Russolo qualifie l'accord de « son complexe », et remarque comment celui-ci fait son apparition puis se diversifie en allant chercher des dissonnances de plus en plus élaborées, rapprochant la musique du son-bruit. Le bruit musical et les sons-bruitsRussolo fait un parallèle entre cette évolution de la musique, tendant vers plus de complexité et de dissonance, et le développement et la multiplication des machines. La machine marque une rupture avec le silence d'autrefois et remplit de bruits l'environnement humain. Selon lui, les hommes du XVIIIe siècle n'auraient pu supporter les harmonies produites par les orchestres contemporains. Mais désormais l'oreille humaine reste insensible au son pur, encourageant par là-même les musiciens à rechercher de nouvelles combinaisons et sonorités pour continuer à « exciter notre sensibilité ». Il explique ensuite comment le son musical est dès lors trop restreint dans sa variété de timbres, limité aux possibilités offertes par les instruments des orchestres[2]. Selon lui « il faut à tout prix rompre ce cercle restreint de sons purs et conquérir la variété infinie des sons-bruits », avec l'aide de la technologie. Russolo déclare que la musique a atteint un point où elle n'a plus le pouvoir de stimuler ou d'inspirer. Même lorsqu'elle est nouvelle, prétend-il, elle sonne toujours vieille et familière, laissant le public dans l'attente. Il presse les musiciens d'explorer l'univers sonore de la ville. Six familles de bruits pour l'orchestre futuristeL'auteur tente ensuite d'explorer la variété des sons-bruits et de les ranger dans six grandes familles de bruits :
Russolo affirme que ce sont les bruits les plus fondamentaux, et que tous les autres peuvent s'obtenir à partir de combinaisons de ceux-ci. ConclusionsL'auteur parvient enfin à une série de huit conclusions :
Musiciens/Artistes influencés par L'Art des bruits
Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexesLiens externes
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