En algèbre linéaire et multilinéaire, une matrice symétrique est une matrice carrée qui est égale à sa propre transposée, c'est-à-dire telle que ai,j = aj,i pour tous i et j compris entre 1 et n, où les ai,j sont les coefficients de la matrice et n est son ordre.
Exemples
Les coefficients d'une matrice symétrique sont symétriques par rapport à la diagonale principale (du coin en haut à gauche jusqu'à celui en bas à droite). La matrice suivante est donc symétrique :
Remarque : une matrice symétrique à coefficients complexes peut ne pas être diagonalisable. Par exemple, la matrice
admet 0 comme seule valeur propre ; si elle était diagonalisable, elle serait nulle. L'analogue complexe des matrices symétriques réelles est en fait les matrices hermitiennes (qui, elles, sont diagonalisables).
Inégalité de trace de Ky Fan
Notons l'espace vectoriel des matrices réelles symétriques d'ordre n et , , les valeurs propres de , que l'on range par ordre décroissant :
On introduit l'application
et, pour un vecteur colonne, on note le vecteur ligne transposé et la matrice diagonale dont le coefficient d'indice est .
Inégalité de trace de Ky Fan — Pour tout et , on a
où 〈⋅, ⋅〉 désigne le produit scalaire canonique sur , avec égalité si et seulement si l'on peut obtenir les décompositions spectrales ordonnées et de et par la même matrice orthogonale, c'est-à-dire si et seulement si
Remarques
L'inégalité de trace ci-dessus a été publiée par Ky Fan en 1949[1] mais elle est reliée étroitement à un travail antérieur de von Neumann (1937[2]). La condition pour avoir l'égalité est due à C. M. Teobald (1975[3]).
D'après la traduction ci-dessus en matière d'endomorphismes autoadjoints, et sont simultanément diagonalisables si et seulement si elles commutent, et la matrice de passage peut alors être choisie orthogonale. La condition énoncée ci-dessus pour avoir l'égalité dans l'inégalité de Ky Fan est plus forte, car elle requiert que les matrices diagonales obtenues soient ordonnées. Ainsi, et commutent mais diffère de .
L'inégalité de Ky Fan est un raffinement de l'inégalité de Cauchy-Schwarz sur le sous-espace euclidien de , dans le sens où cette dernière peut se déduire de la première. En effet, si avec orthogonale, on a
On en déduit l'inégalité de Cauchy-Schwarz sur en tenant compte également de celle obtenue en remplaçant ci-dessus par .
En appliquant l'inégalité de Ky Fan à des matrices diagonales, on trouve une inégalité de Hardy, Littlewood et Pólya[4], simple à démontrer directement, selon laquelle le produit scalaire euclidien de deux vecteurs et est majoré par celui des vecteurs et obtenus à partir des vecteurs précédents en ordonnant leurs composantes par ordre décroissant :
Une matrice S symétrique réelle d'ordre n est dite :
positive si la forme (bilinéaire symétrique) associée est positive, c'est-à-dire si
définie positive si la forme associée est définie et positive, c'est-à-dire si
Remarque : une matrice carrée réelle vérifiant une telle inégalité (large ou même stricte) n'est pas nécessairement symétrique (cf. Matrice de rotation plane).
↑(en) K. Fan (1949). On a theorem of Weyl concerning eigenvalues of linear transformations. Proceedings of the National Academy of Sciences of U.S.A. 35, 652-655. [lire en ligne]
↑(en) J. von Neumann (1937). Some matrix inequalities and metrization of matric-space. Tomsk University Review 1, 286-300. In Collected Works, Pergamon, Oxford, 1962, Volume IV, 205-218.
↑(en) C.M. Teobald (1975). An inequality for the trace of the product of two symmetric matrices. Mathematical Proceedings of the Cambridge Philosophical Society 77, 265-266.