Mur antibruit![]() ![]() ![]() Un mur anti-bruit, appelé aussi écran anti-bruit ou écran acoustique, est une structure extérieure, solide, destinée à développer un effet d'isolation phonique. Il est habituellement construit le long d'infrastructures proches d'habitations et sources de nuisances sonores telles que ;
Ils ont pour rôle de diminuer la pollution sonore causée par ces sources de nuisances sonores. Le bruit est considéré comme une source importante de stress, voire de troubles graves du sommeil et de la santé. Ces murs (ou talus de terre végétalisée) font généralement une dizaine de mètres de haut. Quand il s'agit de murs, ils sont souvent parsemés de portes de maintenance. Dans le meilleur des cas, la voie « bruyante » est entièrement recouverte (tranchée couverte, tunnel), mais cette situation est plus coûteuse. Elle permet aussi parfois de supprimer un effet de fragmentation écologique (au droit d'un écoduc par exemple). Certains de ces ouvrages peuvent être provisoires (le temps d'un chantier urbain de longue durée par exemple). Parce que l'échelle qui mesure le bruit est logarithmique de base 10, une réduction de 9 décibels correspond à diviser par 8 la pression acoustique du bruit indésirable (-3 dB = 2 fois moins de pression acoustique). D'autre part, pour une source rectiligne (trafic routier continu), la pression sonore perd 3 dB(A) à chaque doublement de la distance, mais il est de -6 dB(A) pour une source ponctuelle. Principes de fonctionnementLe son est essentiellement bloqué et réfléchi par la masse du mur, raison pour laquelle le béton a longtemps été utilisé. Mais celui-ci, outre son coût élevé et son manque d'élégance, donne naissance à des phénomènes de réflexion sonore gênants (incommodants pour les usagers de la voie, ou pour les riverains habitant en hauteur de l'autre côté de la voie, face au mur anti-bruit). C'est pourquoi sa partie supérieure (panneaux transparents par exemple) est généralement inclinée vers la source pour limiter cet effet et augmenter la portée de l'affaiblissement acoustique de ce mur. La végétalisation du mur (par du lierre par exemple) améliore l'esthétique, mais prend du temps. Si elle n'a pour ainsi dire aucun effet d'affaiblissement acoustique, sauf en ce qui peut concerner une laine minérale sur laquelle la végétation peut être fixée (elle a pour autre avantage que le lierre ou les autres végétaux choisis participent à l'épuration de l'air, pour certains polluants émis par les véhicules. L'analyse de la valeur a suggéré que là où c'était possible l'usage de terrassements (buttes de terre végétalisée) était non seulement plus économique, mais plus confortable acoustiquement pour les automobilistes et les riverains[1]. Depuis quelques années des sociétés spécialisées dans la végétalisation de surface ont développé de nouvelles techniques, permettant, grâce à la sphaigne substrat utilisé dans la construction des murs végétaux ou des laines minérales irriguées, une isolation efficace contre les nuisances sonores. En effet ce matériau qui offre une bonne capacité de rétention des liquides, s'avère particulièrement efficace quant à l'absorption du bruit. Histoire
Matériaux utilisés![]() Différents matériaux utilisés[3]
Matériaux géosourcés
Matériaux biosourcésDes matériaux biosourcés peuvent également être utilisés :
Quelques propriétés acoustiquesMatériaux géosourcésBriques creusesLes briques creuses sont des matériaux de construction fabriqués en terre cuite ou en béton. Ils sont conçus avec des alvéoles ou des cavités à l’intérieur. C’est ces alvéoles qui permettent d'influencer leurs comportements acoustiques. Leurs coefficients acoustiques sont généralement compris entre 0.3 et 0.6 pour les fréquences moyennes (500 - 20000 Hz)[4]. Pierre (Gabion)Les gabions sont des structures composées d’une cage ou d’un treillis mécanique rempli de matériaux comme des pierres, des galets ou des matériaux recyclés. Ils possèdent de bonnes performances acoustiques. En effet, les gabions atteignent un indice de transmission acoustique de 20 dB, ce qui indique une capacité à réduire efficacement le bruit transmis à travers la structure. Leurs performances dépendent de l’épaisseur et de la granulométrie des différentes pierres[5]. Terre crueLa terre crue est un mélange de matériaux de construction naturel constitué principalement d’argile, de limon et de sable. Son coefficient d'absorption acoustique moyen (500 - 2000 Hz) varie entre 0.3 et 0.6, les performances sont très variables et dépendent principalement de la composition, de leurs épaisseurs et de leur densité[6]. Bois fibres de bois, composites à base de boisLes fibres de bois sont des matériaux naturels obtenus à partir du bois en les transformant soit mécaniquement, soit chimiquement ou thermiquement. Elles ont de bonnes performances acoustiques. En effet, leurs coefficients d’absorption peuvent atteindre entre 0.7 à 0.9 dans la gamme normale (500-2000 Hz). Cependant leurs performances varient énormément en fonction de la nature et la densité des fibres, de la porosité et des conditions de fabrication des fibres de bois [7] Laine végétaleLa laine végétale en lin et chanvre est constituée à 70 à 90% de fibres végétales et 10 à 30 % de fibres polymères. Elle est utilisée pour absorber les hautes fréquences (1000 - 2000 Hz), elle a un bon coefficient d’absorption α > 0,8, à basse fréquence (200 - 500 Hz) le coefficient tourne plus autour des 0.4 à 0.6[8]. Béton végétalLe béton végétal est matériau issu de particules végétales (lin, chanvre, bois, ...), d'un liant et d'eau. Il est particulièrement intéressant dans la construction pour ses performances thermiques, hydriques et acoustiques. D'autre part, il permet de stocker du carbone[9]. Le béton végétal possède des qualités d'adaptation majeures telles que l'adaptation au support, et la déclinaison de forme. Cela assure ainsi un usage très varié et très simple du matériau[9]. Concernant ses propriétés acoustiques, le béton végétal est un matériau poreux ce qui lui confère une absorption acoustique intrinsèque très intéressante[9]. Les tests publiés par construction 21 France[9] montrent ainsi une absorption de plus de 90% du son sur le spectre entre 400 et 1 000Hz[9]. Les capacités d'absorption du béton peuvent être optimisées en jouant sur le dosage du liant[9], l'épaisseur du béton dans le mur ainsi que la géométrie de surface[9]. Caractérisation des propriétés acoustiques des matériauxLes propriétés acoustiques des matériaux sont déterminés par différentes expériences : - Tube de Kundt : permet la mesure du coefficient d'absorption d'énergie acoustique d'un matériau
Modélisation![]() Divers modèles mathématiques puis modèles informatiques ont été testés dont aux États-Unis par Caltrans à Sacramento (Californie) ; l'ESL Inc. Group de Palo Alto (Californie) ; le Bolt, Beranek and Newman[10] Group à Cambridge (Massachusetts), et une équipe de recherche de l'université de Floride. La première publication scientifique décrivant un mur anti-bruit spécifique, est l'étude pour la voie express de Foothill à Los Altos (Californie)[11]. À la fin des années 1970, une douzaine d'équipes de recherche travaillaient à affiner, caler et tester les modèles aux États-Unis (avec environ 200 murs anti-bruit construits par an à cette époque). Depuis les bases des modèles sont restées les mêmes, l'informatique ayant cependant permis d'accélérer les calculs et d'améliorer la présentation visuelle des rendus. Les meilleurs modèles intègrent les interactions entre :
Rapport coûts/efficacitéLe coût final dépend à la fois du contexte, du niveau d'atténuation de bruit souhaité et des efforts esthétiques souhaités. LégislationAvant de démarrer les projets, des études d'impact sont réalisées sous la supervision des autorités compétentes (environnement, transports, santé). Aux États-Unis, la loi National Environmental Policy Act (NEPA) oblige à analyser l'impact sonore de tout projet routier financé par le Federal-Aid Highway Act[12]. Cette exigence a permis d'améliorer les modèles de barrières antibruit. En 1972, le Noise Control Act a encore renforcé ces démarches, qui incluent souvent des enquêtes publiques pour informer et consulter la population[13]. Le mur anti-bruit doit parfois être construit sur le domaine privé (expropriation, ou convention d'occupation). Il est parfois imposé par l'état à un privé (industriel source de bruit). Différents dispositifs juridiques sont alors mobilisés. Des cartographies du bruit et des points noirs sont faites ou en cours dans de nombreuses grandes villes ou agglomérations. Le bruit commence aussi à être pris en compte pour la cartographie des corridors biologiques pour la protection, gestion ou restauration de réseaux écologiques. Enjeux sociétauxCoût social du bruitEn France, les nuisances sonores affectent significativement le cadre de vie, comme en témoigne une étude révélant que 86% des Français se déclarent gênés par le bruit[14]. De plus, une évaluation conjointe du Conseil national du bruit (CNB) et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) estime le coût social du bruit à 147 milliards d'euros, dont 97,8 milliards attribués au secteur des transports[15]. La région capitale illustre particulièrement cette problématique : alors qu'elle abrite environ 18 % de la population française, elle supporte 29 % des coûts nationaux associés aux nuisances sonores[16]. Alternatives ou solutions complémentairesQuand c'est possible, en ville ou sur certains sites industriels, le vélo, les véhicules hybrides ou électriques, l'amélioration de l'aérodynamisme de certains véhicules ou le choix de matériaux absorbant le bruit au lieu de le réfléchir complètent le dispositif. Le mur végétal se présente comme une bonne alternative aux murs anti-bruits classiques ; en effet des tests sur la sphaigne, substrat utilisé pour la réalisation de ces derniers, ont révélé que ce matériau possède des propriétés d'absorption phoniques remarquables. De plus, il est reconnu que les végétaux ont des propriétés bénéfiques quant à la gestion des nuisances sonores[17]. Limites et critiques
Dans la plupart des cas, il y a consensus sur le fait que leur coût est largement remboursé par les avantages qu'ils procurent aux riverains (outre le bruit, ils limitent aussi certaines pollutions de l'air). Voir aussiArticles connexesLiens externes
Notes et références
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