En 1967, plusieurs pays de l'OTAN utilisateurs du F-104G Starfighter commencent à lui chercher un remplaçant. Ils forment alors un groupe de travail baptisé MRA 75 (Multi Role Aircraft for 1975), que le Royaume-Uni rejoint en 1968 après l'abandon du BAC/Dassault AFVG(en) (abréviation pour Anglo-French Variable Geometry). L'année suivante, le programme est renommé MRCA (Multi-Role Combat Aircraft) et quatre pays européens (Royaume-Uni, l'Allemagne de l’Ouest, les Pays-Bas et l'Italie) créent une société commune, Panavia, chargée de développer et construire le nouvel avion. Les Pays-Bas quittent le projet en 1970 et la production est répartie entre les participants restants. Une société spécifique est créée par Rolls-Royce pour développer les réacteurs à double flux : Turbo Union.
Deux versions de l'appareil sont initialement prévues : une monoplace pour l'Allemagne et une biplace pour le Royaume-Uni, mais la version monoplace sera ensuite abandonnée. À l'instar des F-111, F-14 et MIG-23, l'utilisation d'une aile à géométrie variable s'impose rapidement, car la configuration avec les ailes repliées autorise des vols à grande vitesse à toutes les altitudes. La configuration avec les ailes déployées abaisse la vitesse de décrochage et réduit la longueur de piste nécessaire. La configuration avec les ailes en position intermédiaire réduit les turbulences à basse altitude et permet le vol à haute altitude. Des commandes de vol électriques et un système sophistiqué de suivi de terrain sont également développés.
Le premier réacteur RB199 est testé sur banc en 1971, puis en vol en 1973. De son côté, le premier des dix prototypes du Tornado IDS fait son vol inaugural le à Manching (Allemagne de l'Ouest). Il y aura également six exemplaires de présérie, dont le premier fera son vol d'essai en . Parallèlement, le Royaume-Uni décide de développer une version d'interception à long rayon d'action, appelée Panavia Tornado ADV (ADV pour « Air Defence Variant », « version de défense aérienne »), dont le prototype vole pour la première fois le .
Autres caractéristiques
Les réacteurs du Tornado sont équipés d'un inverseur de poussée, permettant de réduire la longueur de piste nécessaire à l'atterrissage.
Les ailes du Tornado peuvent être positionnées manuellement à 25°, 45° ou 67°.
Production
La production des différents éléments de l'avion est répartie de la façon suivante :
Chaque pays était responsable de l'assemblage final des avions qui lui étaient destinés. Les livraisons aux unités de combat commencèrent en pour le Royaume-Uni, pour l'Allemagne et pour l'Italie. À cause de retards dans la mise au point du radar FoxHunter, les livraisons de la version ADV ne commencèrent qu'en .
En , l'Arabie saoudite passe une première commande de 48 Tornado IDS et 24 ADV, qui sera suivie par une autre de 48 IDS supplémentaires. La production totale atteint finalement 977 exemplaires, dont 100 pour l'Italie, 120 pour Arabie saoudite, 359 pour l'Allemagne et 398 pour le Royaume-Uni.
Différents programmes d'amélioration, mise à jour et prolongation de la durée de vie des Tornado ont été menés de façon séparée par chaque pays utilisateur.
Engagements
Le Tornado a été engagé lors de plusieurs conflits, souvent simultanément par plusieurs forces aériennes différentes :
La guerre du Golfe (1990-1991) représente le baptême du feu pour les Tornado britanniques, saoudiens et italiens. Un total de 7 IDS (6 Tornado GR.1 de la Royal Air Force, et 1 Tornado IDS de l'Aeronautica Militare) a été abattu pendant le conflit ;
L'opération Southern Watch (1992-2003) dans le Sud de l'Irak, où les Tornado GR.1 puis GR.4 de la Royal Air Force, implantés sur la base aérienne de Ali Al Salem au Koweït, participeront à l'application de la zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Irak ;
La guerre du Kosovo (1999) a vu l'engagement simultané des Tornado britanniques, italiens et allemands[2]; les Tornado ECR allemands larguèrent 236 missiles antiradar HARM ;
Pendant la guerre d'Afghanistan (2001-2014), de nombreux Tornado allemands, britanniques puis italiens seront déployés dans la région, sous mandat de l'OTAN : 6 avions de reconnaissance allemands de 2007 à 2010[4] ainsi que 8 avions d'attaque anglais (renforcés par 2 appareils supplémentaires en 2010) de 2009 à 2014[5]. À la suite du regain de violence généré par les élections législatives afghanes de 2010, l'Italie engagea également 4 Tornado IDS dans la région ;
Depuis , la guerre contre l'État islamique en Irak a permis aux Tornado britanniques, mais également allemands, italiens et saoudiens, de participer une fois de plus à des opérations de guerre au-dessus de l'Irak[8].
En , quatre avions de combat Tornado GR.4, décollant de la base d'Akrotiri à Chypre, ont pris part au bombardement d'un site soupçonné d'être une usine chimique à l'ouest de Homs, en Syrie[9]. Ils ont tiré plusieurs missiles Storm Shadow ;
Durant la Guerre civile yéménite. Les Tornado saoudiens sont engages depuis 2015 au sein de la coalition en soutien au gouvernement dans sa lutte contre les rebelles Houthis. Un Tornado est perdu en date du (les rebelles prétendent l'avoir abattu alors que les Saoudiens évoquent un incident technique)[10].
Variantes
Le Tornado existe en trois versions principales :
IDS (Interdictor/Strike) d'interdiction et de chasse/bombardement, avec deux canons et une électronique optimisée pour les missions de pénétration à basse altitude et grande vitesse par tous les temps ;
ADV (Air Defence Variant) d'interception/défense aérienne, avec un seul canon, un fuselage allongé de deux mètres, des turboréacteurs plus puissants et un radar FoxHunter(en) optimisé pour l'interception air-air ;
ECR (Electronic Combat/Reconnaissance) de guerre électronique et de reconnaissance, sans canons mais capable d'emporter des missiles anti-radar HARM.
Chacune des trois versions principales possède une variante d'entraînement à doubles commandes et a été dérivée en plusieurs sous-versions, dont voici le détail ci-dessous.
Versions IDS
GR.1 : désignation des Tornado IDS anglais, version initiale (228 exemplaires + 96 pour l'Arabie saoudite) ;
GR.1A : IDS anglais, sans canons mais capables de missions de reconnaissance ;
La Force aérienne allemande reçu un total de 247 appareils dont 35 ECR. Le premier Tornado fut livré le afin de remplacer le F-104 Starfighter. Ces aéronefs équipèrent originellement 5 escadrons de chasseurs-bombardiers, une unité de conversion tactique, et quatre escadrons de première ligne. En 1994, avec la dissolution d'un escadron de la Marineflieger, la Luftwaffe acquit plusieurs Tornado IDS afin de remplacer ses RF-4E Phantom II au sein d'un escadron de reconnaissance. Les Tornado allemands connaîtront leur baptême du feu pendant le bombardement de la Bosnie-Herzégovine par l'OTAN en 1995 contre les positions de l'armée de la République serbe de Bosnie. Cette opération marqua également la première mission de combat de la Luftwaffe depuis la Seconde Guerre mondiale. Les Tornado allemands seront également employés, en 1999, pendant la guerre du Kosovo, puis en Afghanistan, de 2007 à 2010. En 2015, la Luftwaffe comptait dans son inventaire un total de 29 Tornado ECR et de 94 IDS. Fin 2016, 85 sont en ligne. Le retrait du service des derniers Tornado allemands n'est pas prévu avant 2030.
L'aéronautique militaire italienne reçu un total de 100 Tornado IDS, et 16 appareils furent ensuite convertis à la configuration ECR. Le premier Tornado ECR italien sera livré le . De 1995 à 2004, l'Aeronautica Militare loua également 24 Tornado ADV de défense aérienne à la Royal Air Force afin de combler le manque d'aéronefs généré par le retrait des vieillissants Lockheed F-104 Starfighter et par le retard du programme de l'Eurofighter Typhoon. En 1991, durant la guerre du Golfe, un Tornado italien est abattu tandis que son pilote est capturé par les troupes irakiennes. Les Tornado de l'Aeronautica Militare ont également participé à la guerre du Kosovo en 1999, à la guerre d'Afghanistan en 2010, à l'intervention militaire de 2011 en Libye et enfin à la guerre contre l'État islamique en Syrie et en Irak depuis novembre 2014 dans le cadre de missions de reconnaissance. En 2015, l'Italie possédait 60 IDS et 16 ECR.
Force aérienne royale saoudienne - Le , le Royaume-Uni et l'Arabie saoudite signèrent le contrat Al Yamamah I, comprenant, entre autres, la vente de 48 Tornado IDS d'attaque au sol et 24 ADV de défense aérienne. Le premier vol d'un Tornado IDS saoudien a alors lieu le , tandis que le premier ADV est livré le . En , le contrat Al Yamamah II est signé, stipulant l'achat de 48 IDS supplémentaires. En 1991, l'Arabie Saoudite engagea ses Tornado dans la guerre du Golfe contre les troupes de Saddam Hussein. En 2006, la force aérienne royale saoudienne remplace la totalité de ses Tornado ADV (22 au total) par des Eurofighter Typhoon, tandis que les appareils retirés sont rachetés par la Royal Air Force l'année suivante. À partir de , des Tornados saoudiens effectuent des raids aériens pendant l'insurrection houthiste au Yémen. C'était la première fois, depuis l'opération Tempête du Désert, en 1991, que la force aérienne royale saoudienne participait activement à une opération militaire sur un territoire hostile. En 2015, 81 Tornado IDS étaient toujours en service.
Aviation navale allemande - Afin de remplacer ses F-104 Starfighter en service au sein de ses deux escadrons, la marine ouest-allemande reçut, à partir de 1982, 112 Tornado IDS dans leur version navale. Ces aéronefs étaient capables de transporter le missile anti-navire AS.34 Kormoran, qui a d'abord été complété par des bombes non guidées et des bombes BL755 à sous-munitions, et plus tard par le missile anti-radar AGM-88 HARM. Les Tornado étaient également équipés d'une caméra panoramique afin de réaliser des missions de reconnaissance. La fin de la guerre froide et la signature du traité sur les forces conventionnelles en Europe, en , ont obligé la marine allemande à réduire sa flotte d'avions de combat en supprimant l'un de ses deux escadrons de Tornado en . Ces appareils sont reversés à la Luftwaffe afin de remplacer les Phantoms d'une escadre de reconnaissance. Le second escadron est, quant à lui, dissout en 2005, et ses appareils sont également reversés à la Luftwaffe. Depuis cette date, la Marineflieger ne dispose plus de chasseurs-bombardiers.
Force aérienne royale britannique - versions IDS et ADV. À la suite de coupes budgétaires, mi-2011, il n'y a que trois escadrons de première ligne et un escadron de formation sur Tornado GR4, soit un total de 81 appareils[11]. En , il reste 40 avions dans deux escadrons [12] qui sont retirés du service le .
Avions exposés
Bien qu'encore opérationnel, un certain nombre de vieux avions sont présentés au public :
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Lufwaffe
Le , le Tornado IDS (45+37) du JBG 33 de Büchel est sorti de piste après avoir atterri. L'équipage s'est éjecté avec succès[13].
Le , un Tornado britannique GR4 perd deux missiles Brimstone en phase d’atterrissage à Chypre. Les bombes ne détonent pas mais le personnel de la base est évacué en attendant l'enlèvement des engins.
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(fr) Tornado Panavia - Encyclopédie illustrée de l'aviation no 23 - Atlas