Rallye de Côte d'Ivoire 1979
Le Rallye de Côte d'Ivoire Bandama 1979 (11e Rallye Bandama), disputé du 9 au [1], est la soixante-quinzième manche du championnat du monde des rallyes (WRC) courue depuis 1973, et la douzième et dernière manche du championnat du monde des rallyes 1979 (WRC). Contexte avant la courseLe championnat du mondeAyant succédé en 1973 au championnat international des marques (en vigueur de 1970 à 1972), le championnat du monde des rallyes s'appuie sur les plus célèbres épreuves routières internationales, telles le Rallye Monte-Carlo, le Safari ou le RAC Rally. Parallèlement au championnat des constructeurs, la Commission Sportive Internationale (CSI) a cette année introduit un championnat des pilotes qui remplace la controversée Coupe des conducteurs qui incluait des épreuves de second plan. Le calendrier 1979 comprend douze manches (dont huit européennes), réservées aux voitures des catégories suivantes :
Déjà assuré de remporter le titre constructeurs, Ford a effectué sa dernière sortie officielle lors de la manche précédente, en Grande-Bretagne. La marque a d’ailleurs mis momentanément un terme à son implication en rallye, laissant aux équipes privées le soin de défendre ses couleurs la saison prochaine[2]. La manche ivoirienne du championnat a pour unique enjeu le titre pilotes, que vont se disputer Björn Waldegård et Hannu Mikkola, tous deux pilotes officiels Ford cette saison, et également sous contrat Mercedes pour les manches africaines. C’est donc sur les coupés 450 SLC qu’ils vont défendre leurs chances. Avec douze points d’avance, Waldegård est toutefois le mieux placé pour l’emporter, il lui suffit de terminer juste derrière son coéquipier pour devenir le premier champion du monde des rallyes. Chances des prétendants au titreMikkola remporte le titre si :
Dans tous les autres cas de figure, Waldegård est sacré champion du monde. L'épreuveTout comme le Safari, autre épreuve africaine du championnat, le Rallye Bandama se dispute presque entièrement sur piste, avec un classement établi sur la base de moyennes imparties sur des routes restant ouvertes à la circulation locale. Créée en 1969, l'épreuve fut intégrée au championnat du monde en 1978[1]. S'étant imposé à cinq reprises depuis 1971, Peugeot y détient le record de victoires, le constructeur sochalien ayant réalisé le doublé lors de la dernière édition avec Jean-Pierre Nicolas et Timo Mäkinen, respectivement premier et second au volant de coupés 504 V6. Le parcours
Première étapeDeuxième étape
Troisième étapeQuatrième étape
Les forces en présence
Rarement battu sur les pistes ivoiriennes, le constructeur sochalien fait cette année encore figure de favori. Trois coupés 504 V6 groupe 4 ont été engagés par l'usine et confiés à Jean-Pierre Nicolas (dernier vainqueur en date), Timo Mäkinen et Jean-Claude Lefebvre. Ces trois voitures sont neuves. Pesant 1360 kg, elles sont équipées d'un moteur de 2 700 cm3, alimenté par trois carburateurs Weber à double corps, développant 230 chevaux à 8000 tr/min. Sari, l'importateur de la marque à Abidjan, a également engagé un coupé V6 pour le pilote local Alain Ambrosino, qui bénéficie de l'assistance de l'usine. Directement menacé par la puissante équipe Mercedes, Peugeot a particulièrement préparé sa participation à l'épreuve, les reconnaissances ayant débuté un mois et demi avant le départ. Plusieurs pilotes privés, comme Samir Assef ou Adolphe Choteau, prendront le départ sur des coupés en version groupe 4 'client' (environ 145 chevaux). Tous utilisent des pneus Michelin[4].
Le constructeur allemand a déployé d'énormes moyens pour sa première participation officielle en Côte d'Ivoire : l'équipe bénéficie sur place de 46 véhicules d’assistance ainsi que de deux avions. Quatre coupés 450 SLC 5.0 groupe 4 (1350 kg à vide, moteur V8 de cinq litres développant 310 chevaux à 6400 tr/min, boîte automatique à trois rapports, air conditionné) ont été minutieusement préparés. Ils sont aux mains d'Hannu Mikkola, Björn Waldegård, Andrew Cowan et Vic Preston Jr. La marque utilise des pneus Dunlop[5].
Au lieu des habituels coupés Celica, le constructeur japonais a engagé deux nouvelles versions 'Liftback' de ces modèles, pour Ove Andersson et Jean-Luc Thérier. Bien que disposant de moteurs groupe 2 (deux litres, 180 chevaux), elles sont inscrites en groupe 4 et s'avèrent plus lourdes (1100 kg au lieu de 1000) que les coupés. Elles sont équipés de pneus Pirelli[6].
Grâce à l'aide financière d'un industriel d'Abidjan, Datsun a ajouté la manche ivoirienne à son calendrier sportif. Deux berlines 160J PA10 groupe 2 (965 kg, 190 chevaux) ont été préparées pour Andy Dawson et Pierre Saucet. Elles sont exceptionnellement chaussées de pneus Kléber pour cette épreuve[5].
L'équipe Gitanes a engagé une R5 Alpine groupe 2 (870 kg, traction, moteur quatre cylindres de 1400 cm3, 130 chevaux) pour Bruno Saby. Préparée chez Sinpar, cette voiture est équipée de pneus Kléber[3]. Déroulement de la coursePremière étapeLa première étape, longue d'à peine deux cent quarante kilomètres, se déroule la journée du dimanche aux alentours d'Abidjan. En principe peu sélective, elle a surtout pour but de déterminer l'ordre des départs le lendemain. La première partie du parcours se déroule sans anicroche pour les favoris, hormis pour Jean-Pierre Nicolas, victime d'un bris de carter de pont sur son coupé 504. L'assistance Peugeot parvient à le lui remplacer en moins d'une demi-heure, mais une nouvelle casse une dizaine de kilomètres plus loin contraint le dernier vainqueur de l'épreuve à l'abandon. Son coéquipier Timo Mäkinen effectue quant à lui un beau début de course, occupant la seconde place derrière la Mercedes d'Andrew Cowan. Le pilote finlandais va cependant être retardé par une crevaison peu avant le contrôle d'Alépé, où les quatre Mercedes, toujours emmenées par Cowan, sont groupées aux quatre premières places. Le pilote britannique se maintient en tête tout au long de l'étape, regagnant Abidjan devant ses coéquipiers Björn Waldegård, Vic Preston et Hannu Mikkola, ce dernier ayant été légèrement retardé par un problème de pompe à essence. Malgré des ennuis de freins et un moteur chauffant exagérément, Jean-Luc Thérier termine la journée en cinquième position au volant de sa Toyota, précédant les trois Peugeot de Timo Mäkinen, Alain Ambrosino et Jean-Claude Lefebvre. Onze équipage ont déjà abandonné lors de ce court prologue.
Deuxième étapeAbidjan - BouakéLes quarante-six équipages rescapés repartent d'Abidjan le lundi matin en direction du nord, les mieux classés la veille s'élançant les premiers. Les pistes sont très poussiéreuses et Thérier va effectuer une spectaculaire sortie de route au moment où il s'apprêtait à dépasser une voiture de tourisme : aveuglé par un nuage de poussière, il se fait surprendre par un virage et quitte la piste, la Toyota décollant sur une bosse et terminant sa course dans les arbustes après avoir sectionné deux poteaux électriques ! L'équipage est indemne mais dans l'impossibilité de continuer la course. Entre-temps, Mikkola a pris le commandement de la course devant Waldegård et Cowan. La quatrième Mercedes, moins rapide aux mains de Preston, est bientôt rejointe par la 504 de Mäkinen, auteur d'une belle remontée. Quoique nettement plus rapide, le pilote finlandais ne va cependant parvenir à dépasser le Kenyan, qui bouchonne littéralement son adversaire jusqu'au contrôle de Port-Bouët où, très en colère, Mäkinen va avoir une sérieuse explication avec Preston, qui lui cédera peu après le passage dans le tronçon suivant. Le pilote Peugeot s'efforce ensuite de reprendre du terrain sur Cowan, alors troisième, mais peu après Azaguié une rupture de pont le stoppe dans son élan. Il va perdre plus d'une heure et demie à le faire remplacer, abandonnant tout espoir de bien figurer. C'est désormais Jean-Claude Lefebvre qui porte les espoirs de l'équipe Peugeot, le pilote français remontant rapidement au classement pour figurer à la tombée de la nuit en troisième position, à seize minutes de Waldegård (qui a pris la tête de la course) et quatorze de Mikkola. Lefebvre va cependant perdre du temps un peu plus tard à cause de problèmes de démarreur qui le font retomber en cinquième position. Lorsque les concurrents atteignent Bouaké, où une pause de six heures est prévue, les quatre Mercedes sont de nouveau regroupées en tête, Waldegård devançant Mikkola, Cowan et Preston, alors que Mäkinen a de nouveau été ralenti, cette fois par des ennuis de suspension, et compte désormais deux heures trois quarts de retard. Malgré des problèmes d'amortisseurs, Bruno Saby (sur Renault 5) est en tête du groupe 2, ayant pris la suite du pilote namibien Flachberger lorsque celui-ci a dû abandonner sa Toyota, suspension hors d'usage. Neuvième au classement général, Saby précède la Ford Escort de Carlos Torres, solidement installé en tête du groupe 1. Seuls vingt-cinq équipages sont encore en course.
Bouaké - YamoussoukroIl fait encore nuit lorsque les rescapés repartent de Bouaké, en direction de Yamoussoukro. Les Mercedes continuent leur insolente domination ; peu après Korhogo, Lefebvre, leur dernier adversaire de taille, disparaît à son tour, le coupé V6 s'immobilisant avec une bielle coulée. Dès lors, plus personne n'est en mesure de contrer l'équipe allemande au sein de laquelle seul Waldegård connaît quelques soucis, le pilote suédois cédant le commandement à son coéquipier Mikkola à cause de la rupture de son circuit hydraulique de freinage. Mikkola achève l'étape avec quatre petites minutes d'avance sur le Suédois, dix-huit sur Cowan et vingt-quatre sur Preston. Cinquième sur la Toyota rescapée, Ove Andersson est à plus d'une heure, devant les Peugeot officielles d'Alain Ambrosino, premier des pilotes locaux, et de Mäkinen qui est parvenu à réduire quelque peu son retard sur les Mercedes. Saby a cassé un bras de suspension de sa Renault 5 et abandonné ; c'est désormais Mitri, sur Datsun, qui est en tête du groupe 2, tandis que les ennuis électriques de Torres ont permis à Faure (également sur Datsun) de mener en tourisme de série. À mi-parcours, il ne reste plus que quinze voitures en course.
Troisième étapeLes concurrents repartent le mercredi, pour une longue boucle dans la partie ouest du pays. Malgré les difficultés du parcours, les Mercedes ne connaissent pratiquement aucun souci, seul Waldegård connaissant une petite alerte avec ses freins. Le classement ne subit pas de changement notable, hormis pour les pilotes Peugeot qui échangent leurs positions avant la halte nocturne de Daloa. Mikkola a légèrement accru son avance sur Waldegård. Quatre nouveaux abandons ont été enregistrés sur cette première partie d'étape. Les positions sont maintenant figées et le retour sur Yamoussoukro, le lendemain, s'effectue sans incident notable ; Mikkola a porté son avance à plus d'une demi-heure et, sauf incident, a déjà course gagnée.
Quatrième étapeLa dernière étape, disputée le vendredi, ramène les concurrents à Abidjan. Les Mercedes ne connaissent aucun problème au cours de la journée et réalisent un impressionnant quadruplé, Mikkola s'imposant devant Waldegård, la seconde place du Suédois lui assurant le titre mondial des conducteurs. Cowan et Preston conservent leurs positions, devant la Toyota d'Andersson et le coupé 504 d'Ambrosino, alors que Mäkinen n'a pu rallier l'arrivée, une défaillance du circuit électrique l'ayant éliminé à deux cents kilomètres du but. Les Datsun de Mitri et Faure remportent respectivement les groupes 2 et 1, alors que les deux autres équipages rescapés sont arrivés hors-délai et ne sont pas classés. Classement général
Hommes de tête
Résultats des principaux engagés
Classements finaux des championnats du mondeConstructeurs
Pilotes
Notes et références
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