Rallye de Nouvelle-Zélande 1979
Le Rallye de Nouvelle-Zélande 1979 (10th Motorgard Rally of New Zealand), disputé du 14 au [1], est la soixante-neuvième manche du championnat du monde des rallyes (WRC) courue depuis 1973, et la sixième manche du championnat du monde des rallyes 1979. Contexte avant la courseLe championnat du mondeAyant succédé en 1973 au championnat international des marques (en vigueur de 1970 à 1972), le championnat du monde des rallyes s'appuie sur les plus célèbres épreuves routières internationales, telles le Rallye Monte-Carlo, le Safari ou le RAC Rally. Parallèlement au championnat des constructeurs, la Commission Sportive Internationale (CSI) a cette année introduit un championnat des pilotes remplaçant la controversée Coupe des conducteurs qui incluait aussi des épreuves de second plan. Le calendrier 1979 comprend douze manches (dont huit européennes), réservées aux voitures des catégories suivantes :
Fiat, son principal rival, ayant réduit son programme sportif à quelques manches, Ford reste le seul constructeur régulièrement impliqué dans les rallyes mondiaux. Les autres marques s'attachent surtout à participer aux épreuves leur offrant des retombées commerciales, comme Datsun (vainqueur au Safari), Mercedes-Benz ou Peugeot, spécialisés dans les épreuves sur africaines. Titrées de 1974 à 1976, les Lancia Stratos continuent à animer le championnat par le biais des écuries privées, avec notamment l'Écurie Chardonnet qui a permis à Bernard Darniche de s'imposer au Rallye Monte-Carlo. Avant l'épreuve néo-zélandaise, Ford domine les deux championnats, comptant 11 points d'avance sur Datsun au classement des marques, tandis que Björn Waldegård et Hannu Mikkola sont largement en tête au classement des pilotes. L'épreuveCréé en 1969, ce rallye couru en grande majorité sur terre, avait déjà été promu au rang d'épreuve mondiale en 1977. Des différends entre les autorités locales et la FIA avaient cependant entaché le déroulement de la course, qui ne fit plus partie du championnat en 1978[2]. Pour sa dixième édition, la course, empruntant exclusivement les pistes et routes de l'Île du Nord, figure à nouveau au calendrier mondial. L’Écossais Andrew Cowan est le seul pilote à avoir remporté deux fois cette épreuve, en 1972 et 1976. Le parcours
Première étape
Deuxième étape
Troisième étape
Les forces en présence
L'usine engage deux Escort RS1800 groupe 4, dont une aux couleurs du groupe néo-zélandais Masport pour Hannu Mikkola, la seconde aux couleurs Rothmans pour Ari Vatanen qui effectue ici son retour en championnat après les problèmes vertébraux l'ayant affecté au printemps. Ces voitures pèsent environ une tonne en configuration terre. Elles sont équipées d'un moteur deux litres seize soupapes ; pour cette épreuve l'alimentation par carburateurs a été préférée à l'injection, la puissance restant de l'ordre de 270 chevaux. Les Ford officielles utilisent des pneus Dunlop. Mikkola et Vatanen sont épaulés par les pilotes locaux Blair Robson et Jim Donald, qui disposent de modèles identiques engagés par Masport[4]. De nombreuses Escort privées sont également présentes, les plus en vue étant celles de Paul Adams et de Mike Marshall.
Le GM Rally Team a engagé une Chevette HSR groupe 4 (1020 kg, quatre cylindres, 2300 cm3, double arbre à cames en tête, environ 230 chevaux[3]) pour le Finlandais Pentti Airikkala. Trois Chevette privées sont au départ, la plus affûtée étant celle du Néo-Zélandais Steve Murland. Comme les Ford, les Vauxhall sont chaussées de pneus Dunlop.
Deux berlines 160J PA10 groupe 2 ont été engagées par le Datsun Team Europe, une conduite à gauche pour Timo Salonen et une conduite à droite pour Andy Dawson, également directeur sportif de l'équipe[4]. Disposant d'à peine moins de 200 chevaux, ces robustes voitures peuvent espérer un excellent résultats sur les difficiles pistes de ce rallye. Elles utilisent également les mêmes pneus Dunlop que leurs rivales.
Le Rallye de Nouvelle-Zélande est la seule épreuve de la saison disputée officiellement par la marque. John Woolf dispose d'une RX3 groupe 4, ses coéquipiers Roger Goss et Alan Fergus de RX3 groupe 2[4]. Ces voitures sont équipées d'un moteur rotatif à deux rotors. Déroulement de la coursePremière étapeLes 82 équipages partent d'Auckland le dimanche après-midi. Le premier affrontement se déroule sur une piste de stock-cars, dans les faubourgs de la ville, où les concurrents s'élancent deux par deux. Sur cet anneau, Pentti Airikkala se montre le plus rapide au volant de sa Vauxhall Chevette, devant les Ford Escort d'Hannu Mikkola et Ari Vatanen. Airikkala s'impose à nouveau sur le court tronçon asphalté suivant mais dès les premières pistes les Escort s'avèrent plus rapides et Mikkola prend la tête du rallye. Airikkala se maintient quelque temps en seconde position, perdant progressivement du terrain, puis se fait déborder par Vatanen. À la tombée de la nuit, Mikkola compte une trentaine de secondes d'avance, alors que la pluie fait son apparition, rendant impraticable une partie des pistes. Alors qu'il menait le groupe 2 sur sa Datsun, Andy Dawson sort de la route sur une section particulièrement boueuse et perd plus de douze minutes. Les concurrents atteignent Tauranga au milieu de la nuit, Mikkola remportant l'étape avec un peu plus d'une minute d'avance sur son coéquipier Vatanen. Airikkala, troisième, compte déjà quatre minutes de retard ; il est talonné par la Datsun de Timo Salonen, bien revenu, qui a succédé à son coéquipier Dawson (tombé en vingt-et-unième position) en tête du groupe 2.
Deuxième étapeLes concurrents repartent de Tauranga le lundi après-midi, en direction de New Plymouth. La première épreuve spéciale, près du circuit de Baypark, emprunte un tunnel en partie inondé, ce qui va entraîner des problèmes d'allumage sur un bon nombre de voitures. Avec un moteur ne tournant plus que sur deux cylindres, Airikkala perd de précieuses secondes ; il est un peu plus loin aveuglé par le soleil rasant sur son pare-brise mouillé et se trompe de parcours, perdant deux places au classement général au profit de Salonen et Robson (Ford Escort). Les épreuves suivantes se déroulent de nuit, sur des pistes difficiles et de nombreux équipages vont abandonner avant d'atteindre Taupo. Airikkala fait partie des malchanceux, une panne électrique immobilisant sa Vauxhall dans la forêt. Les deux Ford officielles continuent à dominer la course, mais Mikkola comme Vatanen commencent à être gênés par des joints de culasse endommagés. Mikkola ne perd pas trop de temps, se contentant de rajouter régulièrement de l'eau dans le circuit de refroidissement ; pour Vatanen, c'est plus grave, son moteur ne tournant plus que sur trois cylindres. Au dernier point d'assistance avant New Plymouth, l'assistance Ford procède au démontage des culasses et réussit l'opération sans trop pénaliser les pilotes, qui parviennent à conserver leurs deux premières places à l'arrivée de l'étape. Derrière, la troisième place est très disputée entre l'escort d'Adams et la Datsun de Salonen, toujours largement en tête du groupe 2, alors que son coéquipier Dawson a effectué une belle remontée à la sixième place, juste derrière Robson.
Troisième étapeLa dernière étape, ramenant les équipages à Auckland, est la plus difficile. Le départ a lieu le mardi matin, pour un périple d'une vingtaine d'heures. Mikkola et Vatanen dominent toujours la course et l'on semble se diriger vers un succès des Ford officielles lorsque, dans le secteur du mont Pirongia, la deuxième Escort recommence à perdre de l'eau. Malgré des appoints réguliers, le moteur chauffe, ne tourne plus que sur deux cylindres et c'est à allure très réduite que Vatanen tente de continuer[6]. L'équipage va finalement parvenir à rallier Auckland, mais seulement en quatrième position, avec plus de vingt minutes de retard sur Mikkola, qui a dominé la quasi-totalité de l’épreuve. Adams ayant été fortement ralenti à cause d'un embrayage défectueux, c'est Salonen qui termine en deuxième position, premier du groupe 2, Robson prenant la troisième place. Cependant, le contrôle technique effectué après la course bouleversera quelque peu ce classement...
L'affaire DatsunLe mercredi, quelques heures après l'arrivée, les commissaires techniques sont en charge d'examiner les voitures les mieux classées de chaque catégorie, dont les deux Datsun officielles. Toutefois, les mécaniciens japonais n'acceptent pas d'ouvrir les moteurs lorsque l'injonction leur en est faite, arguant qu'ils ne peuvent effectuer cette opération sans accord préalable de l'usine. À la fois pilote et responsable du « Datsun Team Europe », Andy Dawson est rappelé alors qu'il s'apprêtait à prendre l'avion du retour. En accord avec un haut responsable au Japon, la décision est prise de ne pas ouvrir les blocs sur place, mais seulement en usine après mise sous scellés, la raison invoquée étant la volonté de ne pas dévoiler certaines pièces prototypes, pourtant homologuées. Ce refus va entraîner la disqualification des deux Datsun de Salonen et Dawson, la seconde place revenant finalement au Néo-Zélandais Robson, son compatriote Parkes, également sur Ford Escort, héritant de la victoire en groupe 2. Des années plus tard, Dawson confessera que le chef mécanicien de l'usine lui avait révélé, lors de l'opération de contrôle des voitures, que les préparateurs avaient mariés des blocs et vilebrequins de la dernière spécification avec des pistons de la génération précédente, donnant une cylindrée de 2130 cm3 alors que ces voitures étaient homologuées en classe « moins de deux litres » ! La faute ne pouvant échapper aux commissaires techniques, l'usine avait alors opté pour un refus de démontage des blocs[2]. Classement officiel
Hommes de tête
Vainqueurs d'épreuves spéciales
Résultats des principaux engagés
Classements des championnats à l'issue de la courseConstructeurs
Pilotes
Notes et références
Information related to Rallye de Nouvelle-Zélande 1979 |