Né à Marseille[1] le [2], Bernard Henri Giély[3] grandit chez ses grands-parents à Bellegarde[4]. C'est auprès d'eux qu'il apprend le provençal, sa langue maternelle[4], tandis qu'il n'acquiert la connaissance du français qu'une fois à l'école[5].
D'abord membre du Roudelet felibren à Marseille, il fait partie des créateurs du mouvement Parlaren[1] en 1975[6], dont il devient président[7]. en 1981, et dont il anime l'organe mensuel Prouvènço dau ![1]. Il est également à l'initiative du mouvement d'appositions de plaques signalétiques en provençal à l'entrée des communes, d'édition d'ouvrages pédagogiques, ainsi que la création d'un centre de documentation à Bollène[8]. Il démissionne de la présidence de Parlaren en 1991, envisageant alors de se présenter aux élections régionales de l'année suivante[9].
En 1987, il fonde son propre journal, Prouvènço d'aro, qui se veut la continuation de Prouvènço dau ![10], avec d'ailleurs la même périodicité[1],[8],[11].
En 1981, il contribue à la brochure collective Li jouine e Frederi Mistral, qui, éditée par le Félibrige et comprenant aussi des textes de Mireille Durand (d), Pierrette Bérengier, Pierre Fabre, Odyle Rio (d) et Pierre Zucchetti (d), défend un point de vue autonomiste[14]. Voulant exprimer le rapport des auteurs à Frédéric Mistral, elle est critiquée par la revue L'Astrado pour son emploi du géonyme « Occitanie », ses « exagérations » supposées, et pour les fautes de langue qu'elle comporterait[14].
En 1995, il figure sur la liste conduite par Michèle Poncet-Ramade (d) dans le 4e secteur de Marseille aux municipales[15], mais n'est pas élu. 2020, il est candidat dans le même secteur sur la liste Debout Marseille conduite par Christine Juste (d)[3], comme représentant du Partit occitan[16], sans davantage de succès.
Travaux
Médias
En 1996, il fonde le Centre international de l'écrit en langue d'oc, qu'il préside jusque dans les années 2020. Avec notamment Patricia Dupuy et son épouse[5], il met en place une bibliothèque virtuelle regroupant nombre de documents écrits en langue d'oc, dont les linguistes Louise Esher (d) et Jean Sibille (d) jugent qu'il s'agit d'un travail « colossal »[17].
Romans
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Il décide de tenter l'écriture romanesque dans une démarche « militante », pour faire vivre le provençal en prose, jugé trop délaissé par les auteurs postérieurs[18].
Son premier roman Flour de camin (1988) présente un paysan cévenol qui, mobilisé durant la Grande Guerre, refuse de partir au front, et s'adonne à l'adultère avec une femme mariée[19]. Il évoque également l'ostracisation de la langue d'oc[19] et la difficulté de communiquer en français[20]. Zéphirin Bosc salue déjà en Giély un « romancier affirmé »[19]. Le Soir note que cette révélation est consacrée par plusieurs prix[21].
En 1990, il publie L'auro fugidisso dont l'action se déroule en Floride[22], et qui met en scène un félibre collaborationniste conduit à s'exiler après la Seconde Guerre mondiale, qui se fait passer pour détective privé, et est accusé à tort de meurtre[23]. La lecture de ce « livre curieux » (Jean-Claude Serres)[23] est recommandée par Jacques Taupiac[22]. Pour Jean Fourié, il évoque « un film noir des années 40 »[24].
Lou Pavaioun de la tartugo paraît en 1993, dont Fourié estime qu'il est un « exemple éblouissant » de la modernisation du roman en langue d'oc, et l'œuvre d'un « maître »[24]. Et de souligner que cette histoire qui se déroule au Vietnam reflète « son amour profond de la liberté » et « sa crainte devant des institutions comme l'Armée, l'Église, l'Administration »[24]. Louant une « langue splendide », Le Soir se demande néanmoins pourquoi l'auteur « s'enferme dans la solitude de son vieux langage, refusant toute concession au français »[21].
En 1996, il publie en ligne une traduction de l'Apocalypse[25].
Fiò͘ de bos (1998) se déroule vers 1965 dans un village des environs de Sisteron, et voit le protagoniste, boulanger du village, enquêter sur la disparition de son père durant la guerre ; s'y entremêle une intrigue amoureuse entre un de ses jeunes apprentis et Clorinde, fille de Harki ; Jean-Marc Courbet y voit une œuvre « on ne peut plus réaliste »[26].
Lou Triounfle de Bèu-Caire évoque le Rhône[18]. En 2022 Giély en est à son neuvième roman avec Trin d'espèr[18].
Il a également publié en français en 2010 L'Inconnu de Maraysse[31],[12], traduction de son ouvrage L’Incouneigu de Maraisso paru en 2008[32].
Il assure n'avoir jamais « touché un sou » à la suite des ventes de ses romans[18].
Grammaire et lexicographie
En 1996, il publie une première Grammaire du verbe provençal qui, comportant environ 700 pages, est louée pour sa « parfaite clarté » alliée à la « plus complète rigueur » par le linguiste Alain Barthélemy-Vigouroux (d), lequel note toutefois qu'elle demeure cantonnée au provençal rhodanien[33].
Fiò de bos, Marseille, Prouvènço d’aro, 1998 (ISBN2-911643-03-8) — réédité en 2018.
L’Incouneigu de Maraisso, Marseille, Prouvènço d’aro, 2008 (ISBN2-911643-25-9) — une version francophone paraît à la même enseigne deux ans plus tard.[35]
Engano en galèro, Marseille, Prouvènço d’aro, 2011 (ISBN2-911643-35-6).
↑Emmanuel Desiles (« Les cadets d'Agueto : tentative de définition du corpus des romans mistraliens et rhodaniens », L'Astrado, no 50, 2015, p. 57-79, lire en ligne) recense seulement trente-deux autres romanciers d'expression provençale.
↑ ab et c« Bernard Giély : auteur de livres en provençal », Au fil de l'Oule no 43, 2005, p. 9 (lire en ligne).
↑(de) Georg Kremnitz, Katalanische und okzitanische Renaissance: ein Vergleich von 1800 bis heute, Berlin, De Gruyter, 2018, p. 110 (ISBN978-3-1105-3032-2).
↑Alain Barthélemy-Vigouroux (d), « La passion du verbe », Aquò d'aquí, juin 1996, p. 18-20.
↑Pierrette Bérengier, « D'hier à demain : la mise à jour du dictionnaire provençal-français de Frédéric Mistral », dans Bernadette Cabouret (dir.), La Communication littéraire et ses outils : écrits publics, écrits privés, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, (lire en ligne).
Escrivan encuei : antoulougìo dis escrivan prouvençau de vuei [Écrivains contemporains : anthologie des écrivains provençaux d'aujourd'hui], Graveson, CRED_DO, 2015 (ISBN978-2-9552-4150-9).
« Giély (Bernard) », dans Jean Fourié, Dictionnaire des auteurs de langue d'oc de 1800 à nos jours : supplément à l'édition de 2009, Aix-en-Provence, Félibrige (ISBN978-2-9571-3200-3), p. 53.