Après être tombée dans l'oubli, Pauline Hopkins est redécouverte à partir des années 1980. En 1988, la maison d'édition Oxford University Press réédite la quasi intégralité de ses romans et nouvelles.
Durant son enfance, ses parents emménagent à Boston[2],[3].
À l'instar de son grand oncle, l’écrivain James Monroe Whitfield(en), dès l'âge de ses quinze ans, en 1874, Pauline Hopkins obtient un premier prix dans un concours de littérature organisé par William Wells Brown grâce à sa dissertationEvils of Intemperance and Their Remedy[2],[3],[4].
Carrière
Les débuts
À l'âge de ses seize ans, Pauline Hopkins travaille comme comédienne et chanteuse au sein de la Progressive Musical Union, un ensemble vocal de Boston. En 1877, à ses 18 ans, elle est sélectionnée pour tenir le premier rôle d'une pièce de théâtre Pauline or The Belle of Saratoga[3].
Les premières productions artistiques de Pauline Hopkins sont deux drames musicaux Colored Aristocracy monté en 1877 et Peculiar Sam; or, The Underground Railroad monté en 1879. Elle réécrit Peculiar Sam pour en faire une pièce de théâtre en trois actes au titre de Slaves’ Escape; or, The Underground Railroad montée en juillet 1880 au Oakland Garden de Boston par la troupe la Hopkins Colored Troubadours, dont des acteurs sont la mère de Pauline Hopkins et Pauline Hopkins elle-même[2],[3].
En 1900 elle publie "Talma Gordon", une nouvelle souvent désignée comme la première nouvelle avec une intrigue afro-américaine. La même année est publié son premier roman romantique Contending Forces: A Romance Illustrative of Negro Life North and South, une œuvre qui explore les difficultés rencontrées par les Afro-américains dans le climat de racisme et de violences existant durant la période dite de la Reconstruction qui suit la guerre de Sécession[4].
De 1901 à 1903, elle publie trois romans-feuilletons dans l'un des premiers mensuels culturel de la communauté afro-américaine : The Colored American Magazine(en) dont elle est la rédactrice en chef[3].
Hagar's Daughter: A Story of Southern Caste Prejudice,
"Winona: une conte de la vie des noirs dans le Sud et le Sud-Ouest", et
Of One Blood: Or, The Hidden Self
Ce dernier roman parait dans le magazine de à . Le roman raconte l'histoire d'un étudiant en médecine, Reuel Briggs, qui n'a aucune sensibilité particulière avec le fait d'être noir ou d'avoir un intérêt pour l'histoire de l'Afrique. Il se retrouve en Éthiopie dans le cadre d'un voyage archéologique, dont le but est de faire main basse sur les trésors perdus de ce pays, ce qu'il fait. Cependant, il découvre bien plus que ce qu'il attendait: la douloureuse vérité sur le sang, l’ethnie, et sur une partie de sa propre histoire dont une part ne lui a jamais été racontée. Pauline Hopkins écrit ce roman avec l'intention et, selon ses propres mots, de "...mettre en lumière la stigmatisation de la dégradation de l’ethnie [Noire]." Le titre, D'un seul Sang, se réfère au patrimoine biologique commun de tous les êtres humains. Certains aspects de cette œuvre ont été comparés à l’œuvre de Goethe, Faust.
Controverses
Certains afro-américains, comme Booker T. Washington, estiment que ses positions sont trop politiques. Ils privilégient un sentiment de communauté partagée et de coopération mutuelle avec les Blancs et avec le gouvernement américain, tandis que Pauline Hopkins et ses pairs sont convaincus que lutter pour leurs droits, que ce soit en paroles ou en actes, est le seul moyen de les garantir. En 1904, des soutiens de Booker T. Washington présents au sein du comité de rédaction du The Colored American Magazine(en) obtiennent le renvoi de Pauline Hopkins. À la suite de son renvoi, Pauline Hopkins rejoint The New Era Illustrated Magazine(en) qui l’intègre au sein de son comité de rédaction, position qui lui permet de continuer des articles[4].
En 1988, la maison d'édition Oxford University Press crée la collection Schomberg Library of Nineteenth-Century Black Women Writers[5] sous la direction du professeur Henry Louis Gates.
Le roman de Pauline Hopkins intitulé Contending Forces: A Romance Illustrative of Negro Life North and South ( (Préface de Richard Yarborough(en)) est ré-édité à cette occasion. Les romans de Pauline Hopkins publiés dans le magazine (avec une préface rédigée par Hazel Carby) sont également réimprimés dans le cadre de cette collection[6].
Valerie Rohy, professeure de littérature anglaise à l'université du Vermont nous rappelle que la compréhension de l'oeuvre littéraire de Pauline Hopkins ne peut se faire sans le contexte historique. Ainsi en 1896, la Cour suprême des États-Unis rend l'arrêt Plessy v. Ferguson en légalisant au plus haut niveau la ségrégation pourvu que les conditions offertes aux divers groupes « raciaux » soient égales, doctrine appelée « separate but equal » (séparés mais égaux). La détermination de la race utilise le sang comme qualité spécifique des races, d'où en regard des divers métissage se pose la question à partir de quelle quantité de sang noir peut-on classer un individu comme étant noir ? La réponse est qu'il suffit d'une goutte de sang noir pour être déclaré noir, c'est l’instauration de la one-drop rule ou règle de l'unique goutte de sang, concrètement toute personne qui a un ancêtre afro-américain est considérée comme noire. Théorie de la pureté raciale condamnant tout métissage comme exclusion de la population blanche quelle que soit son apparence. Ce thème de la goutte de sang est le fil directeur du roman Of One Blood de Pauline Hopkins publié en 1902, titre qui reprend le livre de la genèse où il est écrit que l’Éternel a créé les humains à partir d'une seule goutte de sang. Récit qui invalide la hiérarchie des races, et range la règle de l'unique goutte de sang parmi les théories pseudo-scientifiques. Pauline Hopkins joue avec les théories racistes qui se disent scientifiques pour mieux exposer les arguments antiracistes. Ces débats prolongent ceux de son précédent roman Contending Forces: A Romance Illustrative of Negro Life North and South paru en 1900 où elle développe les points de vue de Charles Darwin, d'Herbert Spencer et de Jean-Baptiste de Lamarck. Pauline Hopkins montre comment les diverses théories sur l’évolution humaine peuvent être aussi bien des fondements pour le racisme ou le monogénisme, à la fois le poison et le remède[7].
Œuvres
Romans
Contending Forces : A Romance Illustrative of Negro Life North and South, Boston, Massachusetts, Colored Co-Operative (réimpr. 1988, 1991, 2023) (1re éd. 1900), 402 p. (ISBN9780195067859, OCLC8106615180),
Hagar’s Daughter : A Story of Southern Caste Prejudice, Boston, Massachusetts, Colored American Magazine (réimpr. 2003, 2017, 2020) (1re éd. 1902), 240 p. (ISBN9781902934075, OCLC1182851568),
Winona : A Tale of Negro Life in the South and Southwest, Boston, Massachusetts, Colored American Magazine (réimpr. 2003, 2008, 2020) (1re éd. 1902), 156 p. (ISBN9781513280127, OCLC1246521194),
Of One Blood : Or, the Hidden Self, Boston, Massachusetts, The Colored Co-operative Publishing Company (réimpr. 2004, 2021) (1re éd. 1902), 224 p. (ISBN9780743467698, OCLC1341654668),
Théâtre
Peculiar Sam or The Underground Railroad, Alexandria, Virginie, Alexander Street Press, coll. « Alexander Street Drama » (réimpr. 1993) (1re éd. 1879), 37 p. (OCLC8106595164),
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↑ ab et c(en) Voices from the Gaps: Pauline Elizabeth Hopkins est rédigé par Robin M. Dasher-Alsto dans la bibliothèque de l'University of Minnesota Dulth site archivé sur l'University Digital Conservancy www://conservancy.umn.edu, « Voices from the Gaps: Pauline Elizabeth Hopkins » [PDF], sur conservancy.umn.edu, (consulté le ).
↑Valerie Rohy, « Time Lines: Pauline Hopkins' Literary History », American Literary Realism, vol. 35, no 3, , p. 212-232 (21 pages) (lire en ligne)
Pour approfondir
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Notices dans des encyclopédies ou des livres de références
(en-US) John A. Garraty (dir.), Mark C. Carnes (dir.) et Keith Clark (rédacteur), American National Biography, vol. 11 : Hofstadter - Jepson, New York, Oxford University Press (réimpr. 1999) (1re éd. 1990), 956 p. (ISBN9780195127904, lire en ligne), p. 183-185.,
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Essais et biographies
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Articles anglophones
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