Gréville-Hague
Gréville-Hague est une ancienne commune française du département de la Manche, et la région Normandie, peuplée de 660 habitants[Note 1]. Depuis le , elle fait partie de la nouvelle commune de La Hague et a le statut de commune déléguée. GéographieSitué dans le pays de la Hague, Gréville-Hague est placé à l'extérieur du Hague-Dick qui séparait la pointe de la Hague du reste du Cotentin. Le territoire grévillais est délimité par deux vallées, celle de la Sabine, à l'ouest, frontière d'avec Éculleville, et celle du Hubiland, à l'est, né au hameau Fleury, et qui le sépare d'Urville-Nacqueville au niveau du village de Landemer. La commune est aussi arrosée par la Pissotière, sous le hameau de Gruchy, et par le ruisseau du Castel qui traverse la commune depuis sa source au Lieu Bailly, jusqu'à la Manche au pied du Castel Vendon. Les falaises abruptes de 30 à 70 mètres (Landemer, le Castel Vendon, le Mur-blanc) qui forment une façade maritime de quatre kilomètres tombent à Landemer, qui marque la rupture avec l'agglomération cherbourgeoise, en laissant place à la large baie qui baigne la plage d'Urville. Gréville est également limitrophes de Branville-Hague au nord-est, et de Beaumont-Hague au nord-ouest. Gréville-Hague est concerné par la zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique de type 2 de la Hague, et par les ZNIEFF de type 1 des « landes et falaise d'Éculleville et de Gréville-Hague », et des « landes de Saint-Nazaire ». La côte est un site naturel classé au titre de la loi de 1930 depuis le au sein de la zone côtière de la Hague, et l'ensemble du territoire est inscrit depuis le avec les autres communes de la Hague. La commune entre dans le champ d'acquisition du Conservatoire du littoral, les terrains achetés étant gérés par le Syndicat mixte des espaces littoraux de la Manche (SyMEL). Les paysages distinguent une côte sauvage, dessinée par la mer et le vent, composée de landes silicicoles de fougères, genêts, ajoncs et bruyères, et un bocage formé de haies basses sur les coteaux ventés et haies hautes dans les vallées mieux abritées, avec sureaux, prunelliers, épines blanches, chênes pédonculés, hêtres et frênes, délimitant des champs où dominent l'herbe et la polyculture (maïs, blé, colza…)[1]. Les tunnels du Castel Vendon abrite une importante colonie de chauve-souris. ToponymieLe nom de la localité est attesté sous les formes Guerevilla au XIIe siècle, Gervilla en 1209, Guervilla en 1218 et Grevilla en 1320[3]. Le toponyme est issu d'un anthroponyme germanique tel que Creiz[4], Grido[3] ou Gairo[5], et de l'ancien français ville dans son sens originel de « domaine rural » issu du latin villa rustica. Le locatif Hague est ajouté en 1936[6], officialisant un usage plus ancien. Remarque : les anthroponymes Creiz et Grido proposés par Albert Dauzat et Ernest Nègre sont possibles au prix d'une gymnastique phonétique indémontrable par les formes anciennes. L'hypothèse d'Albert Dauzat est d'ailleurs abandonnée par Marie-Thérèse Morlet et tous les spécialistes, de sorte que la proposition de François de Beaurepaire est la plus solide (bien que Gero semble préférable à Gairo). Aucun de ces auteurs ne cite les noms de personnes scandinaves du type Geiri (vieux norrois) / Geri (vieux danois) et éventuellement le vieux norrois Geirr qui conviendraient aussi bien sur un plan phonétique qu'à cause de la situation de Gréville dans la Hague[7]. Le passage de Gerville / Guerville à Gréville s'explique par la métathèse de [r]. Ce qui fait de Gréville un homonyme des différents Gerville, dont certains ont comme premier élément le nom de personne scandinave Geiri ou Geri de manière plus assurée, c'est le cas pour Gerville (Seine-Maritime, Criquetot-le-Mauconduit, Geyrivilla vers 1040) ou Gerville-la-Forêt (Manche, Gerivilla 1080). Le gentilé est Grévillais. HistoireAu XIIe siècle, la paroisse relevait de l'honneur de Néhou[8]. Au Moyen Âge, le territoire de Gréville était composé de cinq fiefs : celui de Gruchy, de Gréville, du Val Ferrand, de la Haulle et de Saint-Nazaire[9]. À la fin du XIIe siècle, Eudes de Sottevast était seigneur et patron du lieu[Note 2]. En 1523, Olivier Heuzey est dit sieur du Val-Ferrand[10]. La famille Heuzey était de très ancienne noblesse, rattachée aux ducs de Normandie par une fille de Richard II. Elle portait, d'argent à la heuse (botte) de sable éperonnée d'or[10]. Une foire annuelle de la saint Nazer se tenait le 12 juin à Gréville[11]. En 1465, le seigneur de Gréville-Hague déclare être tributaire d'une foire le jour Saint-Nazer, « en laquelle mes hommes sont subjectz m'apporter un arbre de la forêt de Brix, pour faire la feullye à mon sénéchal tenans les plez des arretz de la dicte foire d'empuis soleil levant jusques a soleil couchié »[12]. Rattachée avant la Révolution française à l'élection de Valognes, la sergenterie de Tollevast et au doyenné de la Hague, la paroisse devenue commune est incluse dans le canton de Sainte-Croix en 1793 puis celui de Beaumont en 1801, au sein du district de Cherbourg en 1793, puis de l'arrondissement de Valognes jusqu'à la création de celui de Cherbourg en 1811[6]. En 1795, une école publique primaire est créée à Gréville pour les enfants de la commune ainsi que ceux d'Éculleville, du hameau Christo d'Urville-Hague et du hameau Bosvy de Nacqueville, sous l'autorité de l'instituteur Marin Feuardent[9]. Le peintre réaliste Jean-François Millet (1814-1875), fils de Jean Louis Nicolas Millet (originaire de Saint-Germain-le-Gaillard) et de Aimée Henriette Adélaïde Henry est né à Gruchy, hameau de Gréville-Hague, commune aujourd'hui intégrée à la commune nouvelle de La Hague depuis le et fut baptisé en l'église du village. Aîné d'une famille nombreuse de paysans, berger dans son enfance et plus tard laboureur, il est élevé dans un milieu éclairé, notamment grâce à son oncle, curé lettré[13]. La commune est libérée le par les 47e et 60e régiments d'infanterie[14].
En 1905 est fondée une coopérative autour de la laiterie de Gréville. En 1962, elle s'associe à d'autres coopératives du Cotentin au sein de l'UCALMA qui devient en 1985, les Maîtres laitiers du Cotentin. Jusqu'à sa fermeture, la laiterie de Gréville fabrique un beurre vendu sous le nom de « beurre de la Hague », puis rebaptisé en beurre « Val de Saire » à cause de la mauvaise image donnée par l'usine de la Cogema. Politique et administrationListe des mairesLe conseil municipal était composé de quinze membres dont le maire et trois adjoints[17]. Population et sociétéDémographieL'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[18]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[19],[Note 3]. En 2021, la commune comptait 660 habitants, en évolution de −8,21 % par rapport à 2015 (Manche : +0,44 %, France hors Mayotte : +2,49 %). Gréville-Hague a compté jusqu'à 782 habitants en 1821. Ce maximum n'a été dépassé qu'en 2006, avec 783 habitants. CultesLe territoire communal est rattaché à la paroisse catholique Bienheureux Thomas Hélye de la Hague du doyenné de Cherbourg-Hague[21]. L'unique lieu de culte est l'église Sainte-Colombe, vocable renvoyant à la sainte patronne traditionnelle de la commune, jeune fille qui préféra se sacrifier en s'enfermant dans un four à pain allumé, plutôt que de céder aux avances du curé, et que Dieu transforma en oiseau[22]. Activité culturelle et manifestationsSportsL'Association sportive Gréville-Hague fait évoluer deux équipes de football en divisions de district. Lors de la saison 2021-2022, les deux équipes accèdent aux divisions supérieures. Pour la saison 2022-2023, l'équipe fanion évolue en D2 et l'équipe réserve en D3[23]. ÉconomieLa principale ressource économique du territoire communal est l'agriculture, à travers six exploitations tournées essentiellement vers la production laitière ainsi que l'élevage bovin et ovin. Comme le reste du canton de Beaumont-Hague, le principal employeur est l'usine de retraitement de la Hague et ses sous-traitants, ainsi que les entreprises de la communauté urbaine de Cherbourg. Gréville-Hague accueille également quelques commerces et des artisans[24]. Culture locale et patrimoineLieux et monumentsL'église Sainte-ColombeL'église Sainte-Colombe du XIIe siècle, d'origine romane, inscrite aux monuments historiques[25] offre un intérêt au point de vue architectural malgré ou à cause des multiples transformations au cours des huit siècles de son histoire, notamment aux XVIe et XVIIIe siècles[14]. L'édifice primitif était constitué d'un vaisseau principal flanqué d'un collatéral du côté nord. Les arcades de la nef et du chœur sont portées par des piles carrées d'un intérêt notable et d'un type très rare, cantonnées aux angles de colonnettes à chapiteaux qui annonçaient la fin de l'art roman. En 1774, on prolongea la nef d'une travée où se trouvent actuellement les fonts baptismaux. on refit le mur collatéral. C'est à cette époque également que toute la grande nef fut couverte d'une voûte sur croisée d'ogives. Le clocher tel qu'il se présente actuellement a été construit en hors-œuvre en 1554 comme en témoigne le blason extérieur « de Pierre Heuzey ». Le rez-de-chaussée aménagé en chapelle comporte côté ouest un large enfeu qui aurait abrité jusqu'à la Révolution, les douze apôtres : une seule de ces statues aurait résisté, celle de saint Pierre placée actuellement à l'extérieur au-dessus du portail. C'est dans cette chapelle qu'ont été placées les célèbres statues mises au jour en 1993 et constituant une Mise au tombeau du Christ. Les ogives de la voûte à trou de cloches central retombent dans les angles sur des culots sculptés : chevalier, jeune homme, cheval, vieillard. Le linteau de la piscine mais également celui de la porte de l'escalier du clocher sont ornés d'une accolade et surmontés du blason des Heuzey : d'azur à la botte au beuziau de sable éperonnée d'or. La chapelle jouxtant celle décrite plus haut fut construite également au XVIe siècle, elle comporte une voûte dont les ogives reposent sur des culs-de-lampe au symbole des quatre évangélistes : lion et aigle côté nord, ange et bœuf côté sud. Elle communique avec le chœur par deux arcades ; la colonne centrale cylindrique est sans chapiteau. La construction de la chapelle décidée en 1568 fut retardée par un conflit entre Robert Le Bourgeois, possesseur du fief de Gruchy, le curé Pierre Heuzey et les promoteurs, Jacques Dumoncel, beau-frère de Gilles de Gouberville, et sa femme. De l'autre côté du chœur, une chapelle en abside à trois pans orientée vers le nord est venue s'ouvrir dans la dernière travée du collatéral au cours du XVIIe siècle. Cette chapelle est dénommée « chapelle Saint-Jacques du Val Ferrand ». Face à la chapelle du clocher, et créant avec elle un faux transept, une chapelle sans caractère a été réalisée probablement vers la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Le Castel VendonMassif rocheux, peint par Millet. La batterie Landemer dite Castel Vendon, quatre casemates construites par les Allemands, était un élément majeur du mur de l'Atlantique. Le terrain est resté militaire jusqu'en 2009[26]. Le Mur blancSurplombant les falaises qui ont pris son nom près du sentier des douaniers, le mur a été bâti en 1887 pour servir de repère aux marins. La maison natale de Jean-François MilletDétruite en 1944, et aujourd'hui restaurée en musée, la maison natale de Jean-François Millet, au hameau de Gruchy, évoque l'enfance et la formation du jeune peintre au début du XIXe siècle. La maison au puitsSise au hameau de Gruchy, son escalier extérieur et le puits couverts, avec la façade et les toitures, sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du , du fait de leurs représentations sur plusieurs toiles de Millet[27]. Manoir Saint-NazaireLe manoir a servi notamment de résidence à l'une des sœurs de Gilles de Gouberville, Renée, épouse du seigneur des lieux, Jacques du Moncel, lieutenant de l'amirauté[28]. Près du manoir, tous les 11 juin se tenait une foire annuelle, dite foire de la Saint-Barnabé[29]. Il subsiste des vestiges de la chapelle de férage du XIIIe siècle[26]. Autres lieux et monuments
Personnalités liées à la commune
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
Notes et référencesNotes
Références
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